L’Etat Civil et 10 générations à Pressy en Artois.

Il y un côté excitant à rechercher les migrations de nos ancêtres . Le berceau d’une branche que l’on croyait dans le Pas-de-Calais se trouve en Lorraine ou encore ceux du lot et Garonne viennent du Rouergue. Et on relance la recherche car si ils venaient d’ailleurs…. un parfum d’aventure….

Il y a les autres, ceux que l’on passe sous silence car on pense ne pas avoir grand chose à dire, les journaliers les manœuvriers, les ménagers qui évoluent dans un périmètre de 5 à 30 km. J’ai trouvé une troisième catégorie, ceux qui semble-t-il n’ont « jamais » bougé. Le berceau de la branche semble être dans un village au moins depuis les premières écritures par le curé du lieu.

Ainsi à Pressy-les-Pernes en Artois, les premiers documents officiels sont de 1737 (quelques documents entre 1723 et 1737). C’est à ce moment là que le curé est tenu d’écrire obligatoirement les naissances mariages et décès selon un protocole établi.

Jean François MILLET, les glaneuses, Musée d’Orsay, 1857

Petit rappel sur l’histoire de l’état civil en France:

L’enregistrement des mariages et sépultures est imposé à partir de 1579 par l’ordonnance de Blois. Ainsi, à partir du XVIe siècle, baptême , mariage et décès sont inscrits sur les registres paroissiaux de l’Église catholique.

C’est en avril 1667,  dans l’« ordonnance touchant réformation de la justice » (aussi dite « ordonnance de Saint-Germain-en-Laye » ou «code Louis ») que la tenue des registres en double est en principe rendue obligatoire. Certaines collections commencent à cette date là.

« Edit du Roy donné au mois d’Octobre 1691, portant création des Offices de Greffiers, Conservateurs des Registres de Baptêmes, Mariages et Sépultures dans les villes du Royaume ou il y a une Justice Royale, Duché Pairies et autres Juridictions pour fournir dans le mois de Décembre de chaque année à tous les curés des paroisses de leur ressort, deux registres cotés et paraphés par lesdits greffiers, à la réserve des premières et dernières pages qui seraient signées sans frais par le juge du lieu, l’un desquels registres servirait de minute, et l’autre de grosse, pour y écrire par les curés les baptêmes, mariages, et sépultures.

L’édit ordonnait aussi que six semaines après l’expiration de chaque année, les greffiers pourraient retirer les grosses qui auraient servi pendant l’année précédente, et que les juges ou greffiers des jurisdictions royales, à qui les grosses de ces registres avaient été remises depuis l’ordonnance de 1667, seraient tenus de les remettre entre les mains de ces greffiers, aussi-bien que les registres des consistoires qui avaient été déposés entre leurs mains en vertu de la déclaration du mois d’Octobre 1685. »

il y a donc eu un office des greffiers de l’Etat civil toujours pour les mêmes raisons, renflouer les caisses de l’Etat à la fin du règne de Louis XIV. Mais cela a mal fonctionné et il fallu attendre l’édit de 1736 pour que La tenue des registres se généralise dans toutes les paroisses. déclaration du 9 avril 1736, rappelant et complétant l’ordonnance de 1667, que l’obligation de tenue en double des registres sera réellement généralisé. Le curé et les témoins doivent alors signer ou apposer une croix ou La déclaration de ne savoir signer.

C’est ainsi que le registre de Pressy 5MIR 669/1 commence en 1723 et le registre officiel 3E669/1 ne commence réellement que le 26 janvier 1737 paraphé et signé selon par « le lieutenant général de la sénéchaussée de St Pôl soussigné commis à cet effet par Monsieur le premier Président du conseil provincial d’Artois conformément à la déclaration du roi du 9 avril 1736 enregistré audit conseil le premier septembre au dit an. »

Marie Marguerite Deruy (Sosa 397 génération9),  jeune fille à marier signe quant à elle, la première page du registre de 1723, comme marraine. le registre est tenu par Zacharie récollet du couvent de Pernes. Elle épousera en 1738 Philippe Pruvost passera sa vie à Pressy, c’est une ancêtre de la branche maternelle Lethellier. Son père Jean François fut sergent de Pressy (décès 1739)

La famille BOUTILLIER apparaît dès les premiers feuillets de ce registre. Simon Boutillier (Sosa 868, génération 10) décédé en avril 1727 était le lieutenant de Pressy. Il eut au moins 3 enfants dont deux sont mes ancêtres; Albert Joseph né en 1695 et Marie Jeanne. Il est dit laboureur ou fermier et aura 8 enfants dont Marie Marguerite en 1739 qui épousera un Boyaval de Pernes, le bourg d’à côté. Il faut surement remonter encore au moins d’une génération, celle d’Antoine Boutillier (Sosa 1736 génération 11) époux de Marie Jeanne Froideval et leurs 5 enfants qui vécurent tous à Pressy. Leurs racines sont donc clairement à Pressy depuis au moins le milieu du 17eme siècle.

La famille MELLIER apparaît aussi très tôt dans les registres; Marie Françoise dès 1728 comme marraine et jeune fille à marier. Cette famille semble ne pas s’être éloigné de Pressy

Julien Dupré, (1811.1889)

.

Selon F Le Roy Ladurie (l’histoire des paysans français p 518 à 521) ces régions du nord sont « des régions de grande culture qui, pendant l’époque des Lumières se situent dans l’avant-garde économique; Quelques facteurs généraux agissent fortement selon lui sur la croissance du XVIIIe :

Le développement de vastes fermes qui résistent aux prétentions de l’impôt et de la rente foncière; ces fermes font coexister leur grande exploitation avec des propriétés qui restent souvent petites;

le fantastique chevelu du réseau routier, dont la poussée, dans le Nord-Est est calquée sur les besoins du trafic, de l’urbanisation et des militaires.

la spécialisation des régions et une culture productive (sans jachère) à base de céréales, de choux et de légumineuses (trèfles, fèves et vesces) qui nitrifient le sol et des racines alimentaires et fourragères (pomme de terre betteraves carottes navets). »

La récolte des betteraves, Georges Laugée

Ces familles avaient leurs racines et surtout des terres qu’ils exploitaient de père en fils selon un modèle établi en Artois ce qui leur permettait d’y rester sur plusieurs générations. Les registres de la paroisse m’ont permis de remonter au moins 10 générations dans le cas de mes ancêtres à Pressy-les-Pernes (62). Avez-vous rencontré ce cas là? est-il courant parmi vos ancêtres?

 

Ménagères du Pas-de-Calais, un métier de la terre.

Dès que j’ai abordé les archives départementales du Pas-de-Calais, j’ai été surprise  au 18è et au 19è par la mention de professions de femmes. Là où dans l’ouest, elles étaient épouses de …. celles-là  étaient fermières, manouvrières, fileuses, épicières ou cabaretières. Mais plus encore, qu’était cette profession de ménagère? Je ne doute pas que les femmes à l’époque aient toutes fait le ménage, alors pourquoi le mentionner dans les registres de l’état civil. Il y avait même des hommes dits « ménagers » . L’explication devait être ailleurs.

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Désiré François Laugée, le linge de la ferme.

Les femmes allaient au champ au moment des récoltes pour aider les hommes. Le reste du temps elles étaient occupées à la ferme. Il y avait les enfants, souvent nombreux, les petits animaux, comme les poules, les oies, la vente des œufs au marché mais aussi le bétail quand les moyens étaient suffisants. Mais elles le faisaient toutes, alors la différence entre fermières, ménagères ou manouvrières, devait être dans la taille de l’exploitation.

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Julien Dupré. les oies.

Parmi les ruraux en Artois, on distinguait;

Les fermiers cultivaient la terre qu’ils louaient.

Les laboureurs, propriétaires , exploitaient des terres plus ou moins importantes, selon certains entre 5 et 30 hectares, plus selon d’autres, beaucoup plus. Mais je ne connais pas de féminin à laboureur; laboureuse ?

Les ménagers et  ménagères étaient de petits propriétaires laboureurs exploitants moins importants. Ils cultivaient selon certains entre 1 et 5 hectares.

Journaliers dans l’ouest ou manouvriers dans le nord, ils cultivaient moins d’un hectare de terre, ne suffisaient pas à leur consommation et louaient leurs bras à la journée dans de plus grosses exploitations comme celles des fermiers. En cas de difficulté, ils empruntaient aux plus gros du bois pour se chauffer et du grain pour manger et le rendaient en travail au moment des moissons, vendanges ou autres.

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Georges Paul François Laugée. une jeune moissonneuse.

Dénomination.

la façon de les nommer varie au fil du temps, ce qui augmente la confusion. Ainsi au recensement de 1861, à Pressy (62), la première page mentionne;

recensement 1861 AD 62 M 4034
fermiers; celui qui cultive la terre d’autrui moyennent une redevance annuelle fixe soit en argent soit en nature soit en partie en argent et en partie en nature.
colon ou métayer, celui qui cultive la terre d’autrui moyennant une part fixe dans les produits ( le plus souvent la moitié)
journaliers et ouvriers agricoles de toutes nature, employés à la journée;( laboureurs, bouviers, berger, vigneron, jardiniers ….)
Au 19e,   le laboureur deviendra agriculteur,le ménager et le fermier cultivateur et le journalier domestique.
laugee-gpf-a-lapproche-du-grain

Georges Paul François Laugée. A l’approche du grain.

A Pressy;
Un relevé des recensement de 1861, 1866, 1891 et 1911, ne m’éclaire pas beaucoup plus. Ce ne devait pas être clair non plus pour l’agent recenseur. Entre 1861 et 1866, en cinq ans, les fermiers passent de 60 à 1, et en 1891 il n’y a plus que 27 hommes, alors que la population a augmenté! Il n’est pas question non plus de « ménagers ». Ils sont alors fermiers ou journaliers.
Pressy (62)
1861
1866
1891
1911
nombre de ménages
58
58
74
79
population
253
264
355
359
degré d’instruction
122 ne savent ni lire ni écrire
agriculture
124 hommes
124 femmes
propriétaires habitant leurs terres et faisant valoir soit eux même soit par un régisseur soit par un maître valet.
0
2
propriétaires vivant sur leurs terres qu’ils ont affermées.
0
0
régisseurs et maîtres valets faisant valoir pour le compte d’un propriétaire
0
0
fermiers
30 hommes
30 femmes
1 fermier
fermiers colon métayer
27 hommes
8 femmes
colon,métayers
0
journaliers
18 hommes
45 femmes
52 hommes
19 hommes
3 femmes
domestique attachés à la personne et au service de la maison
1 homme
4 femmes
6 hommes
0
ouvriers
4 scieurs de bois
1 bûcheron charbonnier
alimentaire
2 épiceries
2 épiceries
3 cabaretiers
industrie
0
0
2 cordonniers et 1 ouvrier
1 couturière et 1 employé
1 employé des mines et 23 ouvriers
11 ouvriers brique tuiles céramique
7 ouvriers du bâtiment.
1 garde champêtre
1 instituteur
1 facteur rural
 Remarque; c’est en 1891 qu’apparaît pour la première fois un employé des mines à Pressy, et plus généralement que l’industrie y est représentée.
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Georges Paul François Laugée. Fin du jour.

Je retiendrai que ces femmes « ménagères », ou cultivatrices en plus des enfants, des animaux de la fermes et de tout ce qui s’y rapportait, exploitaient seules ou avec leurs « ménagers » des parcelles de terre jusqu’à environ 5 hectares, et complétaient leurs revenus en y ajoutant de petits métiers, l’hiver et pour les temps plus difficiles comme épicières, cabaretières ou fileuses.

 

Pélerinage saint Benoit LABRE à Amettes.

« Tous les ans à Pressy dans le Pas-de-Calais, dans la fin des années 1930, on attelait la carriole par un dimanche de septembre, on traversait le bourg, et on tournait à droite au bout du village, pas à gauche, à droite….. Pour l’enfant que j’étais c’était un jour de fête, préparé de longue date, une promenade et un pique nique en perspective. Une journée hors du commun »…En continuant le chemin sur une dizaine de kilomètres après l’église de Pressy, on arrive à Amettes, village natal de Benoit Joseph LABRE, canonisé en 1881.

Saint Benoit est le saint patron des pèlerins, des itinérants, des sans abris, des pauvres et des exclus.
La route fut son monastère, sa voie vers la sainteté.
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St Benoit. tableau dans l’église d’Amettes.

La vie de saint Benoit LABRE:

Benoit Joseph LABRE naquit dans une famille modeste à Amettes en 1748. Aîné de quinze enfants, son attitude pieuse l’orienta très jeune vers le vie monastique, mais aucun monastère ne voulut l’accueillir en raison de sa jeunesse et de sa constitution jugée trop faible.

Il partit donc sur les routes, prit l’habit à l’abbaye de sept fonds, devint moine itinérant en France , en Espagne à Saint Jacques de Compostelle, en Allemagne, en Italie. Il alla à Lorette au moins 11 fois et à Rome. Il se dit qu’il vécut 6 ans dans les ruines du Colisée.

Il trouva sa vocation religieuse dans une vie de mendiant et de pèlerin, voyageant avec un bréviaire, un bourdon et un bâton de pèlerin. Par esprit de mortification, il fit le vœu de ne plus se laver.

C’est à Rome que s’arrêta sa vie de pèlerin, à 35 ans sur les marches de sainte Marie des Monts, parmi les pauvres les sans abris, les exclus le mercredi saint du 16 avril 1783.

Des miracles eurent lieu et se multiplièrent sur son tombeau, tant et si bien que son procès en béatification s’ouvre dès le mois de mai 1783. Entre sa mort et son inhumation, on a recensé neuf miracles et une centaine avant la fin de l’année 1783. En 1787 on en était à 168 . ils eurent lieu en France, en Artois, en Belgique, en Italie.

Il fut béatifié le 20 mai 1860 par le pape Pie IX et canonisé, le 8 décembre 1881 par le pape Léon XIII. Il est le seul français canonisé qui repose dans la ville éternelle.

Le pèlerinage.

Une partie de ses reliques reposent dans la basilique de Marçay, qui lui est dédiée, et une autre à Amettes, commune de sa naissance. Peu de temps après sa mort, Amettes est devenu un lieu de pèlerinage très fréquenté. On y venait sur les traces du« saint pauvre de Jésus Christ ».

Les Amis de  saint Benoit LABRE nous entraînent dans une visite virtuelle du village de Amettes.

  • La maison de naissance de saint Benoit est « nichée au fond de la prairie, autrefois couverte de chaumes et entourée de bâtiments agricoles formant un carré autour d’une petite cour de ferme avec un puits. Il ne reste plus aujourd’hui que l’ancien corps de logis et une petite chapelle, construite à l’emplacement de l’ancienne grange; qui sont fidèlement entretenus par l’association Saint-Benoît Labre et les membres de la paroisse.»(commune d’Amettes).
st-benoit-labre-maison

Une aquarelle peinte en mai 1916 par Leslie Walker SJ, aumônier militaire britannique de la 19e Division dans le Nord de la France

Le 16 avril 2010 a été inauguré dans la maison natale de saint Benoit un musée où Jean Capelain graphiste et président de l’Association Saint-Benoît-Joseph-Labre, avait déjà réalisé six « panneaux muséographiques qui orneront quelques murs de la maison. Ils donneront des renseignements sur le village d’Amettes au XVIIIe siècle, sur la vie de Saint Benoît, l’émoi de la foule romaine à l’annonce de sa mort. »( la voix du nord).

  • Le chemin de Croix, qui remonte la colline en partant de la maison.
  • L’église saint Sulpice, qui celle où a été baptisé Benoit LABRE et maintenant accueille la châsse et les reliques de saint Benoit.

La neuvaine d’Amettes existe encore tous les ans entre le dernier dimanche d’août et le premier dimanche de septembre. La neuvaine 2016 a eu lieu du dimanche 28 août au dimanche 4 septembre et le programme est encore accessible sur  le site du diocèse d’Arras.  Le pique nique était cette année le dimanche 4 septembre à l’abri du pèlerin, à midi.

Cette discussion a bien eu lieu et j’ai eu envie de rechercher ce qu’il y avait au bout de la route en à droite en sortant de Pressy. Ensuite j’ai suivi le fil, qui m’a emmené dans une histoire plus vaste dont je ne savais rien. C’était début septembre.

 

La prière des trois cœurs.

Mon Dieu,

accordez moi, pour vous aimer,

trois cœurs en un seul…. Saint Benoit Labre 1771.

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Sources;

Wikipédia.

Fraternités Labriennes.

Les amis de saint Benoit LABRE.

Louis Thellier, meurtrier par amour?….Le drame de Saint Branchs.

C’est par la gazette des tribunaux du 12.12.1872, que j’apprends la triste histoire de Louis Thellier.

Le 19 juillet 1872, louis Thellier, 25 ans fils d’un agriculteur de Pressy, né le 1er novembre 1848, jeune homme blond aux légères moustaches,  fut retrouvé quasiment mourant sur le pont du Cher près de Tours. Hébergé par une brave femme, sa santé s’améliora rapidement mais délire ou confession, sa logeuse rapporta de terribles propos à la justice.

Louis avait empoisonné M. Gilham, officier de santé, avec de la strychnine, de concert avec l’épouse de ce dernier, qui lui avait fait la promesse formelle de l’épouser.

Louis venait d’apprendre que celle-ci était courtisée et demandée en mariage par un voyageur de commerce. Il était donc parti  à la recherche de Mme Ghilham à Ligueuil, Ste Maure, St Branchs sans la trouver (elle était au couvent de la Pommeraie, près de Chollet) et échoua sur le pont du Cher fou de douleur, exténué de fatigue, dans un état pitoyable.

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Daumie,r les avocats à la cour d’assises.

L’histoire du drame de Saint Branchs.

Louis avait rencontré Mr Gilham à l’occasion de la guerre de 1870. Échappé de Sedan, malade, il fut conduit à l’ambulance du Grand Séminaire, où il rencontra Mr Gilham, officier de santé depuis 1868.  Guéri grâce aux soins de ce Gilham, Thellier obtint un congés de réforme et resta dans la maison du médecin qui l’admettait à sa table.

Mais Mr Gilham était alcoolique, battait sa femme qui rêvait de « s’en débarrasser. »

A partir de mai 1871, la femme Gilham remettait pour cela à Thellier de la strychnine qu’il versait dans le café du sieur Gilham. « séduit par la promesse formelle de mariage que lui faisait la femme Gilham », sa maitresse. Thellier avoue qu’il a plusieurs fois de la même manière administré de la strychnine au sieur Gilham suivant les indications de Mme Gilham. La dernière dose de poison lui a été versée à son déjeuner du 18 juillet 1871, le jour même de sa mort. »

Thellier resta quelques temps chez la veuve, et partagea sa chambre comme le confirment des témoins. Mais elle refusait de tenir sa promesse de l’épouser, Thellier menaça alors de la dénoncer, ce qu’il fit. La police n’accorda aucune importance à la dénonciation….

Désespéré d’être éconduit, exténué de fatigue, bourrelé de remords d’avoir donné la mort à son bienfaiteur, c’est ainsi qu’il fut ramassé un an après sur le pont, le 19 juillet 1872.

Le procès décembre 1872.

Mme Gilham mise en état d’arrestation opposa de formels démentis. « son mari n’est mort que des suites de son intempérance, il était atteint d’un delirium tremens, et si Thellier a commis ce crime c’est à son insu et sans sa participation. La conduite de Thellier ne peut s’expliquer que par la jalousie qu’il a conçue et le dépit qu’il a éprouvé de ne pouvoir l’épouser. Les faits démontrent qu’ils étaient bien amants, que la femme Gilham avait le poison à sa disposition. L’exhumation du cadavre a permis de prouver que le sieur Gilham a bien ingéré de la strychnine.

« Si l’accusation portée par Thellier contre la femme Gilham est dictée non par les remords d’un crime lâche et odieux, mais par un vif sentiment de jalousie ou de haine, par un désir de vengeance, cette accusation n’en est pas moins l’expression de la vérité, et c’est en vain que la femme Gilham cherche à contester des faits dont elle ne saurait détruire l’éclatante certitude, en conséquence, etc…. »

Le système de défense de la veuve a bien marché, puis qu’après de longs et minutieux débats le jury n’a pas jugé le crime suffisamment démontré et a rendu un verdict négatif sur toutes les questions.

En conséquence la veuve Gilham et Louis Thellier ont été remis en liberté. Louis Thellier a été déclaré innocent malgré lui.

La gazette des tribunaux

Le Rappel

Voila la triste histoire de Louis Thellier, né à Pressy. Si il n’existe pas de Louis né le 1er novembre 1848 à Pressy, il y a un François Louis Joseph Thellier né à Pressy le 1er novembre 1847, dernier fils de Louis Thellier et d’Apolline Réant. Il serait alors le petit frère de Rosa Thellier, aïeule dont j’ai déjà parlé.

Mes arrières grands-mères, les sœurs Salmon de Pressy.

Mes arrières grands-mères s’appelaient Elise et Marine Salmon. Je ne les ai pas connues, mais j’ai cherché à leur rendre hommage à travers les tableaux d’un « peintre de la ruralité »  Julien Dupré (1851.1910), inspiré par la campagne picarde de Saint-Quentin et Nauroy. Ils m’ont permis de mettre des images sur des mots quelques fois bien « secs » des Archives.
julien-dupre.-la-vache-blanche-v.-1890-

Julien Dupré, la vache blanche.1890

Marie Claire, Elise et Marine étaient trois sœurs nées à Pressy (62).  Leur mère Cécile Eléonore Boyaval avait épousé à 21 ans Clément Salmon, cultivateur,  de 5 ans son aîné, précialquais de naissance, comme elle et leurs ancêtres. Elle mit au monde six enfants. Seuls trois ont atteint l’âge adulte.
L’aîné, Elie un garçon né « presque » neuf mois après son mariage,   le 12 mai 1859. Ce premier garçon ne vécut  que 7 ans.
Cinq ans après naquit Marie Claire, le 20 juin 1864.
julien dupré vaches

Julien Dupré 1851.1910 retour à la ferme.

 Puis vint Elise Stéphanie Joseph le 20.1.1868, elle vécut 4 mois.
Elise Stéphanie Josèphe,deuxième fille du même prénom est née le 9 avril 1869. Son père Clément Salmon avait alors 37 ans et était maire de Pressy.
Au recensement de 1872, Clément et Henri Salmon les deux frères se partageaient la ferme, avec  Jean Baptiste Boyaval leur beau père, 68 ans et son épouse Sophie Découfour, 67 ans.
Elie Jules Joseph arriva le 10.2.1876 et mourut en 1878 à l’âge de deux ans.
La petite dernière Marine arriva le 12 avril 1879, 10 ans après Elise.
Cécile Éléonore était ménagère.Son travail consistait bien sûr au ménage de la maison, mais dans le nord on employait aussi ce mot pour tout ce gravitait autour de la ferme.
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Julien Dupré; les oies.

Elle s’occupait des volailles, de la traite des vaches, allait au marché vendre ses œufs et le  beurre qu’elle fabriquait. Elle éduquait ses trois filles Marie Claire, Elise et Marine à devenir de bonnes « ménagères ».
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Julien Dupré, la vache réfractaire.

 Le 29 juillet 1889, Clément Salmon décède et laisse son épouse veuve à 52 ans, marie Claire  a 25 ans, Elise 20 ans, et Marine 10 ans.
 La ferme était dans la rue centrale de Pressy, la rue du Bas, à côté vivait sa sœur, Lucie Boyaval,et son beau frère Henri Salmon.
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Julien Dupré-porteuses-de-gerbes. 1880

 Le 30 avril 1892, Marie Claire épouse Omer Mellier de Pressy, qui deviendra cheminot.
Le 18 mai 1895, Elise épouse Henry Louis Joseph Lethellier. Elise décède le 24 décembre 1912, laissant trois enfants, Léa à peine 14 ans, Léo 12 ans et le petit dernier né en 1906, Gabriel 6 ans. Léa s’occupera de ses frères avec l’aide de sa tante Marine.
Le 1er juin 1903, Marine épouse Edouard François Joseph Mellier un frère cadet d’Omer de 14 ans  plus jeune. Elle aura de nombreux enfants dont une fille Juliette, son deuxième enfant née en 1907.
Gabriel Lethellier épousera Juliette Mellier, mes grands-parents maternels étaient cousins germains comme vous l’aurez compris.
Elise (1869.1912) et Marine (1879.1957) sont mes deux arrières grands-mères maternelles.
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Julien Dupré, la fenaison.

Une branche maternelle Pas-de-Calaisienne.

Le Pas-de-Calais et encore plus précisément un petit village  dont les habitants sont nommés les percialquois, voila mon sujet. Un petit village, où la population va de 146 âmes en 1793 à 292 en 2013, qui a pour nom Pressy -les-Pernes, arrondissement Arras.

Village de l’Artois,  il est bordé par des communes comme Sachin, Bours, Pernes, Marest, Tangry, Sains-les-Pernes. Je n’ai eu aucun mal à y retrouver mes ancêtres, environ 90% de cette branche maternelle vécu à Pressy ou dans les environs immédiats.

2006 PRESSY 01

 

D’après le dictionnaire Historique et Archéologique du Pas-de-Calais (1880), Pressy était anciennement  dans le canton de Heuchin (supprimé en 2014) maintenant Canton de Saint-Pol-sur-Ternoise  .

On  trouve dans ce canton des collines souvent couronnés de bois, des plateaux et de nombreux cours d’eau dont le plus important est la Ternoise. En général la terre y est fertile, même si on y trouvait autrefois « dans certaines communes un bief rouge ou noir difficile à labourer que le marnage et la culture ont amélioré ».
En 1810, 3,800 hectares étaient ensemencés en blé, 548 en seigle, 37 en orge, 331 en scourgeon, 68 en pamelle, 1,975 en avoine, 32 en œillettes, 95 en lin, 2 en tabac, 148 en légumes, 1,589 en prairies artificielles, et 4,594 restaient en jachères.
D’après l’auteur, ces chiffres étaient déjà bien différents en 1880.
Des fabriques de sucre à Pernes et à Anvain ont favorisé la culture de la betterave par contre les filatures de laine de lin à Bours, les métiers à faire la toile à Heuchin, les deux poteries et la tannerie de Pernes avaient déjà disparus en 1880.
Le canton autrefois traversé par des voies romaines allant d’Arras et Amiens à Thérouanne et Septemvium (carrefour de sept voies romaines) est sillonné par un important réseau routier et le chemin de fer depuis 1874.
Le village de Pressy est situé dans un petit vallon sillonné par un cours d’eau qui va rejoindre la Clarence à Pernes après un parcours de 2 km. Il comptait 13 feux et 64 personnes en 1768. Un hameau nommé « le Faux »qui faisait parti autrefois de Noyelles dépend maintenant de Pressy.
 Son origine;
En 1152, Pressy dépendait déjà de la châtellenie de Pernes.
La commune a pris le nom définitif de Pressy-les-Pernes  en 1720. Mais le dictionnaire topographique écrit par le conte de Loisne en 1907 précise qu’elle est connue depuis le XIe siècle.
Son nom viendrait de Priscius, nom d’homme
(extrait du Dictionnaire topographique du département du Pas-de-Calais, par le comte de Loisne, 1907) :
-XIe siècle : PERCETUM
-1145 : PRECI (charte de Saint-Bertin)
-XIIIe siècle : PERCHI (charte d’Artois)
-1400 : PRECHI (archives nationales)
-1429 : PRECHY
-1415 : PRECY-lez-PERNES (cartulaire des chartreuses de Gisnay)
-vers 1512 : PERSY (Tassart, pouillé)
-1542 : PRESY (épigraphie, Saint-Omer)
-1720 : PRESSY-les-PERNES
Le nom serai même connu avant l’an 696. Bérenger, l’un des assassins de deux missionnaires SS Lugle et Luglien serait de Pressy.  Selon la légende, le pays était alors couvert de bois, dépeuplé, sans communication. le brigandage y régnait alors en maître. (Mémorial Historique et Archéologique du Pas-de-Calais.)
Son église Saint Martin;
 Sur le plan religieux, Pressy était dans le doyenné d’Auchy-au-Bois, son église s’appelle Saint Martin et fut toujours « secours » (dépendante) de la paroisse de  Sachin .
Elle tient son nom de la légende du pas Saint Martin; celle ci raconte qu’ en passant trop près de l’église, le cheval de St Martin y laissa l’empreinte de son sabot sur un bloc de grès. Depuis les voyageurs fatigués, se sentent reposés en y posant le pied.
L’église primitive de 1569 était bâtie sur ½ mesure. En 1725, la toiture avait disparue sur la moitié de l’édifice et la communauté paroissiale manquait de moyens pour faire des travaux. Elle fut vendue nationalement avec son clocher, le 10 prairial an 7 à un habitant de la commune. D’après une note de M. le Chanoine Parenty, l’ancienne église de Pressy ’’ paraissait avoir eu  autrefois la forme d’une croix, dont les bras auraient été démolis car on voyait encore les arcades ogivales’’
2006 PRESSY église

Eglise St Martin de Pressy, photo 2006.

Elle fut rebâtie en 1863 dans un style ogivale très simple ( en pierres et en briques pour le chœur ).
Aux dernières nouvelles, Pressy rejoindra en 2017 la communauté de commune les Vertes collines du Saint Polois (la voix du Nord).
Le registre catholique remonte à décembre 1723 et faire ma généalogie revient quasiment à faire un relevé de la commune depuis la famille Boutilliez et le décès de Simon à Pressy, en 1727,  ancêtre commun aux familles Mellier et Lethellier.
Sources;
Mémorial Historique et Archéologique du Pas-de-Calais.
extrait du Dictionnaire topographique du département du Pas-de-Calais, par le comte de Loisne, 1907

François Joseph Thellier, Sosa n°100.

Remontons le temps…dans cette famille THELLIER.

François Joseph Thellier Sosa n°100 naquit à Conteville en Ternois, à 9 km de Pressy, direction sud-ouest le 5 octobre 1777. C’est le pays de ses ancêtres. Il est le fils de Jean Philippe  Thellier (Sosa 200) né aussi à Conteville en Ternois , un journalier de 43 ans au moment de la naissance et de Marianne Beugnet. François est le 6 ème enfant du couple. Sa mère, Marianne  décédera à 44 ans en mettant au monde le dixième enfant en 1784. Les conditions climatiques sont pénibles, des étés caniculaires succèdent aux hivers glacés, il est difficile de nourrir tous les enfants. La mortalité infantile est élevée autant due à la famine qu’aux épidémies. J’ai trouvé la descendance de trois de leurs enfants sur les dix dont celle de François.

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Rosa Thellier, et ses 9 enfants à Pressy (62).

Rosa Thellier est mon AA Grand-mère du côté maternel. La famille de Rosa Thellier, Sosa 25 du côté Lethellier, vécut à Pressy dans le Pas-de-Calais arrondissement Saint Pol, canton Heuchin, son père y était né, et son grand-père y vécu après son mariage à partir de 1805 .

pressy carte

Carte de Cassini, Pressy. Géoportail

Rosa est la fille aînée de François Thellier et d’ Apolline Réant. Elle naquit à Pernes, la commune voisine, le 3 août 1841, et passa son enfance à Pressy, avec son frère Joseph et sa sœur Odile.

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