Migrations de nos ancêtres et actes de mariage. (1)

Nos ancêtres se déplaçaient, mais la notion de voyage comme on la conçoit aujourd’hui n’existait pas. Nous avons une autre compréhension de ce phénomène qui a changé depuis 1946, date des congés payés.

Quand nos ancêtres se déplaçaient, ils le faisaient pour une bonne raison. Ils parcouraient relativement facilement une dizaine de kilomètres pour se marier ou encore pour changer de travail, d’habitation, ce que l’on peut appeler micro-mobilité mais je veux parler d’une autre sorte de voyage, celle où ils parcouraient une centaine de kilomètres voire plus, pour ne plus revenir, le voyage sans retour celui où ils ont radicalement changé de milieu et de genre de vie.

Bonjour Monsieur Courbet, Gustave Courbet(1854). Musée Fabre.

Les actes de mariage ont le plus grand intérêt pour l’étude de ces migrations. Ces actes se rencontrent dans toutes les paroisses où la tenue des registres est obligatoire depuis 1736. Le curé doit en effet signaler la publication des bans dans les paroisses d’origine des époux, cela concerne toutes les couches sociales, qu’ils soient bourgeois, artisans, laboureurs ou journaliers. En règle générale il s’agit d’un renseignement sûr, qui indique si oui ou non les mariés habitent la paroisse où est célébrée l’union; Par contre il ne faut pas perdre de vue que le mariage est le plus souvent célébré dans la paroisse où est domiciliée l’épouse et que les bans étaient publiés au domicile des parents. Ces derniers pouvaient changer de paroisse entre la naissance et le mariage de leurs enfants.

J’ai ainsi découvert au moins quatre ancêtres.

1. Guillaume COURTINES (Sosa 272 ascendance Bacond-Courtines) se marie à Tonneins dans le Lot et Garonne le 23 mai 1744;

le 23 mai 1744 après avoir proclamé les 3 bans du mariage contracté entre
Guillaume COURTINES coutelier natif de MILLAU en ROUERGUE habitant de cette paroisse et
Jeanne BARAILLAC fille de feu Gédéon et d’Anne DUPON de lyle de cette paroisse
sans opposition ni empêchement civil ni canonique je soussigné les ai conjoints en légitime mariage par paroles le présent ayant précédemment fiancé à l’église en présence Pierre Larmet, Claude Corret, charles dupuy, jean laroque,qui n’ont signé pour ne savoir pour ce enquis
delorman archiprêtre (AD Tonneins 47)

Il était coutelier, natif de Millau en Rouergue, et l’âge de son décès 57 ans en 1781, donne une date de naissance approximative en 1724. Cette branche reste encore à explorer, le mariage n’étant pas filiatif. Mes recherches, geneanet et autres n’ont pas donné de résultats évidents.

2. François Bacond (Sosa 280, génération 9) épouse Marie Gadail le 25 août 1739 à Clairac.

le 25 août 1739, après les fiançailles à l’église, la proclamation des bans du mariage contracté entre François BACON garçon chapelier fils légitime de pierre BACON et de Françoise CHARPEAUTIER de la paroisse de TANCE diocèse de PUY en Velay d’une part et Marie GADAIL fille de pierre et d’Anne Mauri de la paroisse de Clairac d’autre sans empêchement ni opposition vu le certificat du sieur Fauri curé de la dite paroisse du Tance en date du 24 juin 1739 avec son consentement au dit mariage la dite marie ayant ayant promis et juré mettant la main sur le saint évangile qu’elle voulait vivre et mourir dans la religion catholique apostolique et romaine confessant à cet effet toutes les vérités que la même église nous enseigne de croire et renonçant à toutes les … de Luther et Calvin je soussigné curé dudit Clairac après avoir pris leur mutuel consentement leur ay solennellement imparti la bénédiction nuptiale dans l’église dudit Clairac suivant la forme et cérémonies ordinaires prescrite par l’église en présence de Louis Perache compagnon chapelier, de Pierre Chaudruc maître de bateau, de pierre Baussens compagnon charpentier, de jean Dulon aubergiste, de Jean Lassale et de sr Jacques Arboussé de la présente paroisse lesquels Lassale et Arboussé ont signé non les contractants non plus que les autres témoins pour ne savoir de ce enquis.

AD 47 Clairac,

Marie était protestante. En 1739, la conversion est exigée par le curé pour qu’il prononce la bénédiction nuptiale. Celle-ci fut surement prononcée du bout des lèvres par Marie Gadail car ses descendants furent tous protestants jusqu’au XXe siècle. Par contre c’est une difficulté pour retrouver les actes de naissances, les règles devenant plus « souples » entre 1745 et 1765, date où l’on voit réapparaître des registres tenus par des pasteurs protestants.

François Bacon émigra vers 1739, Guillaume Courtines vers 1744 et tous deux vers le Lot et Garonne, la région de Clairac.

3. Plus tard il y eut Gilles VACHER, né à Chinon le 11 mai 1741. Il se maria à Melle St Pierre le 29 juillet 1765 avec Jeanne LEMAURE.

aujourd’hui 29 juillet 1765 après les publications canoniques des promesses de mariage entre Gilles VACHER cloutier fils légitime de Louis Vacher cloutier et de Madeleine Bougeat demeurant en la ville de Chinon ledit Gilles Vacher en cette paroisse et Jeanne LEMAURE fille légitime de Jacques Lemaure charpentier et de Jeanne Brisson de cette paroisse n’ayant découvert aucun empêchement nous avons conjoints les dites parties en épousailles et leur avons donné la bénédiction nuptiale en présence de Jean Morelle, chargé de la procuration du père et de la mère dudit Gilles Vacher pour assister avec à leurs épousailles, de Jeanne Brisson de Jacques Lemaure père et mère de ladite Jeanne Lemaure Jacques Chatagnion et autres qui ont déclaré ne savoir signer hors les soussignés .
MELLE B,M,S/ 1741-1792 (vue 172)

 

Les deux premiers émigrent à la même période, dans des villes  proches, historiquement protestantes; hasard, où volonté? Clairac, Tonneins étaient-elles des villes connues pour un artisanat particulier? la coutellerie peut-être puisqu’il existait une rue des couteliers à Clairac?

Guillaume Courtines, aura un fils Jean Baptiste, coutelier un petit fils Jean, coutelier à Clairac, un arrière petit-fils Jean, coutelier rue des couteliers. La lignée des couteliers s’arrête là.

François Bacond est dit garçon chapelier en 1739 et assisté d’un maître chapelier le jour de son mariage, maître chapelier en 1744, il est fils de chapelier. Il décédera jeune, en 1751 à 40 ans en laissant des enfants de moins de 10 ans. Ces derniers ne seront pas chapeliers, mais charpentiers.

Faisaient-ils partis de corporations, étaient-ils compagnons et leur migration était elle dans le cadre de leur apprentissage? Leur destination était elle une fuite, le fruit du hasard ou une décision ferme?

Un autre temps, une autre région, ils étaient cloutiers, ou couteliers, ou encore chapeliers. Ils avaient en commun d’être des artisans qui pouvaient se déplacer avec leur simples outils, n’avaient pas de propriétés, ni terre, étaient sûrement jeunes.

Il existe une autre forme de migration, la migration militaire.

A suivre….

 

 

Bacond, Baccon, Bacon.

Depuis 3 ans je retourne les registres BMS de Clairac (47) dans le Lot et Garonne . Suzanne Bacond (Sosa 35 génération 6), née en l’an XIII de la République, est la fille de Pierre Bacond (1774-1849) dit Cadiche, boulanger de son métier et de Anne Auradou (1780-1859), elle est l’épouse de Jean Courtines le coutelier de la rue des couteliers à Clairac. Jusque là tout est clair.

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Jean Courtines, coutelier rue des couteliers à Clairac (47).

Nelly  reçut en cadeau de mariage la traditionnelle armoire du pays mellois. Cette dernière l’a toujours accompagnée jusqu’à la fin de sa vie, y compris quand elle vivait chez sa fille Suzanne et que l’armoire prenait la moitié de la chambre que dis-je les trois-quarts. L’armoire est restée là, sagement, sans bouger de  sa place jusqu’au décès de Suzanne en juillet 1987. A ce moment seulement l’armoire s’est ouverte, cette armoire que Suzanne, sa fille avait toujours jalousement gardée fermée à clef. Aucun secret ne s’y trouvait, mais des souvenirs pas tous identifiables et personne pour les raconter.

Aux premières loges; un petit canif, bien en évidence à côté d’une boîte de commerce d’horlogerie de Hector Desage. Que pouvait bien faire un canif  sur une étagère de souvenirs, qui plus est dans une armoire de dame! c’était un canif à plusieurs lames.  Je ne l’ai pas bien examiné et ne peut donc pas dire s’il y avait des initiales.  Aujourd’hui quelques recherches généalogiques plus tard, je pense pouvoir dire qu’il s’agissait d’un petit couteau fait par Jean Courtines, coutelier à Clairac. Je vais vous en dire plus.

Il était une fois….Hector Desage est né à La Roche-Chalais (24) en Dordogne un jeudi 10 octobre 1833. Quelques mois plus tard le lundi 5 mai 1834 naquit à Clairac, (47) Lot et Garonne  une centaine de kilomètres plus bas, Anne-Iréna Courtines,  sœur cadette de Paul-Numa né en 1830.
1836, nous sommes rue des couteliers à Clairac, dans la maison de Jean Courtines, père,(1743-1849) coutelier, son épouse Marthe Mathieu, (1778-1851 ),leur fils Jean (1803-1884) sa femme Suzanne Bacond (1805-1874) et les deux enfants Anne-Iréna et Paul-Numa. Paul-Numa deviendra instituteur épousera Sabine-Azéma Bergeret, aura au moins trois enfants. Il est surement à l’origine du prénom de Numa Desage.
Je ne connais pas l’histoire de leur rencontre, mais en 1868, Hector, horloger, 34 ans et  Iréna  habitent, un quartier commerçant de Clairac, et sont tous les deux issus de familles  protestantes …ils s’épouseront le 15 février 1868 à Clairac.
Mais avant, il y eu Jean Baptiste Courtines né à Tonneins tout près de Clairac, en 1748, coutelier, et encore avant lui Guillaume Courtines.
En résumé;

6 Guillaume COURTINES, coutelier
5 Jean Baptiste COURTINES 1748-1819, coutelier
4 Jean COURTINES 1783-1849, coutelier
3 Jean COURTINES 1803-1884, coutelier
2 Anne-Iréna COURTINES 1834-1901
1 Numa DESAGE 1868-1953
Au moins quatre générations de couteliers COURTINES dans le Lot et Garonne, entre Clairac (47) et Tonneins (47). Une surprise m’attendait en 1744 à Tonneins, dans le Lot et Garonne
le 23 mai 1744 après avoir proclamé les 3 bans du mariage contracté entre

 Guillaume COURTINES coutelier natif de MILLAU en ROUERGUE habitant de cette paroisse et
Jeanne BARAILLAC fille de feu Gédéon et d’Anne DUPONT  de LISLE de cette paroisse
sans opposition ni empêchement civil ni canonique je soussigné les ai conjoints en légitime mariage par paroles le présent ayant précédemment fiancé à l’église en présence Pierre Larmet, Claude Corret, Charles Dupuy, Jean Laroque,qui n’ont signés pour ne savoir pour ce enquis.
Delorman archiprêtre
Guillaume Courtines est natif de Millau en Rouergue. Il est coutelier. Est-il venu en apprentissage chez maître Gédéon BARAILLAC? Son âge n’est pas précisé non plus. Gédéon Etienne BARAILLAC maître coutelier décède à 55 ans le 8 mars 1743 à Tonneins. Son fils Jean Baraillac, successeur naturel, décède le 10 octobre de la même année, à 24 ans. Dans la coutellerie de Tonneins vivent alors la veuve de Gédéon, Anne Dupont et Jeanne Marguerite sa fille 18 ans. Amour, opportunité, mariage arrangé? Guillaume Courtines ne repartira pas de Tonneins , un an après il épousera Jeanne Marguerite Baraillac et reprendra l’atelier de coutellerie de feu son beau-père. De sa descendance naîtra Anne Iréna COURTINES, épouse DESAGE, belle-mère de Nelly qui décédera en 1901 à Clairac.
 Nelly puis  Suzanne ont gardé des contacts étroits avec les descendants du frère d’Anne-Iréna, Paul Numa Courtines, soit
1 Jean Paul Numa Samuel COURTINES (1860-1943) dont Marcel COURTINES (1892-1945)
marcel courtines 10001

photo de Marcel Courtines,  » à son oncle et à sa tante, 1896″ collection personnelle.

2 Anne Elisabeth Célina COURTINES épouse HORDERN  (1865-1956) dont Hordern Edward Numa (1901-1976)
hordern 10003

hordern 10001 photo Hordern, 1915 collection personnelle.

 comme nous le raconte cette carte datée de 1915
3 Anne Elisabeth Suzanne COURTINES épouse Marcel Etienne VEZIAN
Il me reste à aller vers d’autres Archives Départementales celles de Millau en Rouergue…..
sources;
AD 47, clairac.

25 novembre, sainte Catherine

Je pourrais vous dire comme le dicton;

« à la Sainte Catherine, tout bois prend racine ».

Mais je vais plutôt vous parler de la Sainte Catherine et des catherinettes, et plus précisément d’une catherinette prénommée Suzanne.

Sainte Catherine d’Alexandrie est une vierge martyre qui aurait vécu au IIIème et IVème siècle. Belle et intelligente, née dans une famille noble d’Alexandrie en Egypte, elle reçut une instruction et convoquée par l’empereur Maxence, lui tint tête si bien qu’il ordonna sa décapitation. La légende dit que ce jour là du lait jaillit de son cou à la place du sang. L’église catholique elle même doute de son existence, mais malgré cela la dévotion à Sainte Catherine depuis le Vème siècle est une des plus répandues en Europe et de nombreuses églises conservent une statue ou une représentation de Sainte Catherine d’Alexandrie. La coutume voulait que le 25 novembre, jour de sa fête, les jeunes filles à marier de plus 25 ans lui change sa coiffe, d’ou l’expression « coiffer sainte Catherine ». la jeune femme pouvait alors prier la sainte  « Sainte Catherine, aide-moi. Ne me laisse pas mourir célibataire. Un mari, sainte Catherine, un bon, sainte Catherine ; mais plutôt un que pas du tout ».

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