L’Etat Civil et 10 générations à Pressy en Artois.

Il y un côté excitant à rechercher les migrations de nos ancêtres . Le berceau d’une branche que l’on croyait dans le Pas-de-Calais se trouve en Lorraine ou encore ceux du lot et Garonne viennent du Rouergue. Et on relance la recherche car si ils venaient d’ailleurs…. un parfum d’aventure….

Il y a les autres, ceux que l’on passe sous silence car on pense ne pas avoir grand chose à dire, les journaliers les manœuvriers, les ménagers qui évoluent dans un périmètre de 5 à 30 km. J’ai trouvé une troisième catégorie, ceux qui semble-t-il n’ont « jamais » bougé. Le berceau de la branche semble être dans un village au moins depuis les premières écritures par le curé du lieu.

Ainsi à Pressy-les-Pernes en Artois, les premiers documents officiels sont de 1737 (quelques documents entre 1723 et 1737). C’est à ce moment là que le curé est tenu d’écrire obligatoirement les naissances mariages et décès selon un protocole établi.

Jean François MILLET, les glaneuses, Musée d’Orsay, 1857

Petit rappel sur l’histoire de l’état civil en France:

L’enregistrement des mariages et sépultures est imposé à partir de 1579 par l’ordonnance de Blois. Ainsi, à partir du XVIe siècle, baptême , mariage et décès sont inscrits sur les registres paroissiaux de l’Église catholique.

C’est en avril 1667,  dans l’« ordonnance touchant réformation de la justice » (aussi dite « ordonnance de Saint-Germain-en-Laye » ou «code Louis ») que la tenue des registres en double est en principe rendue obligatoire. Certaines collections commencent à cette date là.

« Edit du Roy donné au mois d’Octobre 1691, portant création des Offices de Greffiers, Conservateurs des Registres de Baptêmes, Mariages et Sépultures dans les villes du Royaume ou il y a une Justice Royale, Duché Pairies et autres Juridictions pour fournir dans le mois de Décembre de chaque année à tous les curés des paroisses de leur ressort, deux registres cotés et paraphés par lesdits greffiers, à la réserve des premières et dernières pages qui seraient signées sans frais par le juge du lieu, l’un desquels registres servirait de minute, et l’autre de grosse, pour y écrire par les curés les baptêmes, mariages, et sépultures.

L’édit ordonnait aussi que six semaines après l’expiration de chaque année, les greffiers pourraient retirer les grosses qui auraient servi pendant l’année précédente, et que les juges ou greffiers des jurisdictions royales, à qui les grosses de ces registres avaient été remises depuis l’ordonnance de 1667, seraient tenus de les remettre entre les mains de ces greffiers, aussi-bien que les registres des consistoires qui avaient été déposés entre leurs mains en vertu de la déclaration du mois d’Octobre 1685. »

il y a donc eu un office des greffiers de l’Etat civil toujours pour les mêmes raisons, renflouer les caisses de l’Etat à la fin du règne de Louis XIV. Mais cela a mal fonctionné et il fallu attendre l’édit de 1736 pour que La tenue des registres se généralise dans toutes les paroisses. déclaration du 9 avril 1736, rappelant et complétant l’ordonnance de 1667, que l’obligation de tenue en double des registres sera réellement généralisé. Le curé et les témoins doivent alors signer ou apposer une croix ou La déclaration de ne savoir signer.

C’est ainsi que le registre de Pressy 5MIR 669/1 commence en 1723 et le registre officiel 3E669/1 ne commence réellement que le 26 janvier 1737 paraphé et signé selon par « le lieutenant général de la sénéchaussée de St Pôl soussigné commis à cet effet par Monsieur le premier Président du conseil provincial d’Artois conformément à la déclaration du roi du 9 avril 1736 enregistré audit conseil le premier septembre au dit an. »

Marie Marguerite Deruy (Sosa 397 génération9),  jeune fille à marier signe quant à elle, la première page du registre de 1723, comme marraine. le registre est tenu par Zacharie récollet du couvent de Pernes. Elle épousera en 1738 Philippe Pruvost passera sa vie à Pressy, c’est une ancêtre de la branche maternelle Lethellier. Son père Jean François fut sergent de Pressy (décès 1739)

La famille BOUTILLIER apparaît dès les premiers feuillets de ce registre. Simon Boutillier (Sosa 868, génération 10) décédé en avril 1727 était le lieutenant de Pressy. Il eut au moins 3 enfants dont deux sont mes ancêtres; Albert Joseph né en 1695 et Marie Jeanne. Il est dit laboureur ou fermier et aura 8 enfants dont Marie Marguerite en 1739 qui épousera un Boyaval de Pernes, le bourg d’à côté. Il faut surement remonter encore au moins d’une génération, celle d’Antoine Boutillier (Sosa 1736 génération 11) époux de Marie Jeanne Froideval et leurs 5 enfants qui vécurent tous à Pressy. Leurs racines sont donc clairement à Pressy depuis au moins le milieu du 17eme siècle.

La famille MELLIER apparaît aussi très tôt dans les registres; Marie Françoise dès 1728 comme marraine et jeune fille à marier. Cette famille semble ne pas s’être éloigné de Pressy

Julien Dupré, (1811.1889)

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Selon F Le Roy Ladurie (l’histoire des paysans français p 518 à 521) ces régions du nord sont « des régions de grande culture qui, pendant l’époque des Lumières se situent dans l’avant-garde économique; Quelques facteurs généraux agissent fortement selon lui sur la croissance du XVIIIe :

Le développement de vastes fermes qui résistent aux prétentions de l’impôt et de la rente foncière; ces fermes font coexister leur grande exploitation avec des propriétés qui restent souvent petites;

le fantastique chevelu du réseau routier, dont la poussée, dans le Nord-Est est calquée sur les besoins du trafic, de l’urbanisation et des militaires.

la spécialisation des régions et une culture productive (sans jachère) à base de céréales, de choux et de légumineuses (trèfles, fèves et vesces) qui nitrifient le sol et des racines alimentaires et fourragères (pomme de terre betteraves carottes navets). »

La récolte des betteraves, Georges Laugée

Ces familles avaient leurs racines et surtout des terres qu’ils exploitaient de père en fils selon un modèle établi en Artois ce qui leur permettait d’y rester sur plusieurs générations. Les registres de la paroisse m’ont permis de remonter au moins 10 générations dans le cas de mes ancêtres à Pressy-les-Pernes (62). Avez-vous rencontré ce cas là? est-il courant parmi vos ancêtres?

 

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