Dès que j’ai abordé les archives départementales du Pas-de-Calais, j’ai été surprise au 18è et au 19è par la mention de professions de femmes. Là où dans l’ouest, elles étaient épouses de …. celles-là étaient fermières, manouvrières, fileuses, épicières ou cabaretières. Mais plus encore, qu’était cette profession de ménagère? Je ne doute pas que les femmes à l’époque aient toutes fait le ménage, alors pourquoi le mentionner dans les registres de l’état civil. Il y avait même des hommes dits « ménagers » . L’explication devait être ailleurs.

Désiré François Laugée, le linge de la ferme.
Les femmes allaient au champ au moment des récoltes pour aider les hommes. Le reste du temps elles étaient occupées à la ferme. Il y avait les enfants, souvent nombreux, les petits animaux, comme les poules, les oies, la vente des œufs au marché mais aussi le bétail quand les moyens étaient suffisants. Mais elles le faisaient toutes, alors la différence entre fermières, ménagères ou manouvrières, devait être dans la taille de l’exploitation.
Parmi les ruraux en Artois, on distinguait;
Les fermiers cultivaient la terre qu’ils louaient.
Les laboureurs, propriétaires , exploitaient des terres plus ou moins importantes, selon certains entre 5 et 30 hectares, plus selon d’autres, beaucoup plus. Mais je ne connais pas de féminin à laboureur; laboureuse ?
Les ménagers et ménagères étaient de petits propriétaires laboureurs exploitants moins importants. Ils cultivaient selon certains entre 1 et 5 hectares.
Journaliers dans l’ouest ou manouvriers dans le nord, ils cultivaient moins d’un hectare de terre, ne suffisaient pas à leur consommation et louaient leurs bras à la journée dans de plus grosses exploitations comme celles des fermiers. En cas de difficulté, ils empruntaient aux plus gros du bois pour se chauffer et du grain pour manger et le rendaient en travail au moment des moissons, vendanges ou autres.

Georges Paul François Laugée. une jeune moissonneuse.
Dénomination.
la façon de les nommer varie au fil du temps, ce qui augmente la confusion. Ainsi au recensement de 1861, à Pressy (62), la première page mentionne;
recensement 1861 AD 62 M 4034
fermiers; celui qui cultive la terre d’autrui moyennent une redevance annuelle fixe soit en argent soit en nature soit en partie en argent et en partie en nature.
colon ou métayer, celui qui cultive la terre d’autrui moyennant une part fixe dans les produits ( le plus souvent la moitié)
journaliers et ouvriers agricoles de toutes nature, employés à la journée;( laboureurs, bouviers, berger, vigneron, jardiniers ….)
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Pressy (62)
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1861
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1866
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1891
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1911
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nombre de ménages
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58
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58
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74
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79
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population
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253
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264
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355
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359
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degré d’instruction
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122 ne savent ni lire ni écrire
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agriculture
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124 hommes
124 femmes
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propriétaires habitant leurs terres et faisant valoir soit eux même soit par un régisseur soit par un maître valet.
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0
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2
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propriétaires vivant sur leurs terres qu’ils ont affermées.
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0
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0
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régisseurs et maîtres valets faisant valoir pour le compte d’un propriétaire
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0
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0
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fermiers
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30 hommes
30 femmes
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1 fermier
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fermiers colon métayer
27 hommes
8 femmes
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colon,métayers
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0
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journaliers
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18 hommes
45 femmes
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52 hommes
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19 hommes
3 femmes
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domestique attachés à la personne et au service de la maison
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1 homme
4 femmes
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6 hommes
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0
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ouvriers
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4 scieurs de bois
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1 bûcheron charbonnier
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alimentaire
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2 épiceries
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2 épiceries
3 cabaretiers
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industrie
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0
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0
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2 cordonniers et 1 ouvrier
1 couturière et 1 employé
1 employé des mines et 23 ouvriers
11 ouvriers brique tuiles céramique
7 ouvriers du bâtiment.
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1 garde champêtre
1 instituteur
1 facteur rural
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Très intéressant merci!!
Très intéressant! De plus l’histoire de la dichotomie nord-sud m’intéresse ayant des ancètres des deux parties de la France