Sosa 2020, Eustache, François ou Charles Theret?

C’est avec un peu de retard que je me soumet à l’exercice avec l’idée un peu simpliste que : »facile, je rentre le numéro 2020 dans mon logiciel hérédis et bim , j’ai la réponse ».

Et bien non. Cela ne s’est pas passé comme ça.

Le logiciel a bien fait son travail, ce sosa 2020 est bien un homme, ancêtre du côté maternel, ou plutot la mère de la mère de la mère…pas de surprise; oui et non.

J’ai voulu vérifier et là, c’est devenu plus compliqué.

Sosa 3; ma mère

Sosa 7; Juliette Mellier

Sosa 15; Marine Salmon (1879-1957) la soeur de Elise sosa 13

Sosa 31; Cécile Boyaval (1836-1913)

Sosa 63; Sophie Decaufour (1804-1887)

Sosa 126; Louis joseph Decaufour (1765-1855)

Sosa 252; Louis Barnabé Decaufour (1736-1820)

Sosa 505; Marie Jeanne Theret

julien Dupré

A  ce moment là je m’aperçois que la filiation n’est pas prouvée. Comme beaucoup sur geneanet, j’ai considéré comme acquis qu’elle était la fille de Jean François Theret et Marie Antoinette Carau. Mais je n’ai aucune preuve. Son mariage avec Louis Georges Decaufour le 26 novembre 1727 à Valhuon dans le Pas-de-Calais ne mentionne pas de parents et les témoins ne nous donnent pas de renseignements supplémentaires.

Une recherche sur marie Jeanne Theret à Valhuon et aux environs ajoute à la confusion. Il y en a au moins 3;

Marie Jeanne Theret née le 9 juin 1699 à Valhuon de Pierre Theret et Barbe Robbe, petite fille de Charles Theret et Froment Marie Marguerite.

Marie Jeanne Theret née le 17 février 1700 à Bryas, fille de jean François et de marie Antoinette Carau, petite fille de Eustache Theret et Marie Jeanne Dassonval.

Marie Jeanne Theret née le 14 janvier 1701 à Valhuon, fille de michel Theret et de Marie Jeanne Boidin, petite fille de François Theret et Isabelle Hanel.

Julien Dupré

Julien Dupré; les travaux des champs.

A partir de son mariage Marie Jeanne Theret épouse Decaufour, vit à Bours, pays de naissance de son mari. Elle aura au moins 8 enfants. Les 5 premiers naissent à Bours; Suzanne (1728), Gaspard (1730), Philippe François (1731), Marie Françoise (1732), Georges (1733). Les 3 derniers naissent à Valhuon; Louis Barnabé (1736), mon ancêtre, Marie Josèphe (1740.1742), Pierre François (1741.1741).

Les prénoms ne donnent aucune direction sinon celui de François.

Les noms des parrains et marraines ne nous renseignent pas plus sauf pour les enfants nés à Valhuon. Louis Barnabé a pour marraine Jeanne Françoise Theret, Marie Josèphe a pour parrain Martin Jovenet, et Pierre françois a pour marraine Marie Adrienne Theret épouse Jovenet. Jeanne Françoise et Marie Adrienne sont les filles de Pierre Theret et Barbe Robbe et les soeurs de Marie Jeanne Theret née à Valhuon en 1699. Elle était la petite fille de Charles Theret qui serait alors mon Sosa 2020.

Je complète donc selon la plus forte probabilité;

Sosa 505; Marie Jeanne Theret (1699-1776)

Sosa 1010; Pierre Theret (1670-1727)

Sosa 2020; Charles Theret (vers 1730-1710)

Que sais-je sur Charles Theret? Peu de chose en vérité. Il serait né entre 1620 et 1630 à Valhuon (62) . Il épousa Marguerite avant 1670 et eut au moins deux enfants. Pierre né vers 1670 marié à Barbe Robbe vers 1690 et Marie Adrienne qui épousa Guillaume Boury. Je ne connais pas sa profession. Il décèdera « atteint de débilité » le 10 janvier 1710 à Valhuon à l’âge de 80 ans, veuf depuis 1707. Il est mon ancêtre au moins deux fois mais Michel Theret et Marie Jeanne Boidin sont également mes ancêtres mais pas Sosa 2020.

JulienDupré, pause de midi.

Julien Dupré, le déjeuner des faneurs, collection particulière.

Tout ceci est une hypothèse qui demande à être confirmée par un contrat de mariage ou une sucession voire un partage, ce qui n’est pas possible à ce jour.

 

 

Voeux 2020

Il est encore temps que je vous présente à tous, chers lecteurs , mes voeux pour l’année 2020 et vous demande d’excuser mon silence ainsi que mes deux (oui deux) malheureux articles de 2019 en espérant faire mieux en 2020. Le challenge n’est pas trop élevé, je relève le défi!

 

 

 

Bilan 2017 et chemin de traverse.

Je vais éviter les chiffres, ils ne refléterons pas mon travail. Qu’ai-je donc bien pu faire cette année?

Comme prévu, j’ai travaillé sur l’ascendance de Pierre Moreau, instituteur. Les traces en sont discrètes, les mariages tardifs, ils eurent peu d’enfants et sont protestants de père en fils jusqu’à Pierre Moreau. Tout en retraçant leur ligne de vie, je me suis donc orientée vers l’histoire des  protestants. La vie de cette famille se fond dans la page plus grande de la religion réformée. C’est naturellement que j’ai recherché sur la toile, sur Gallica en particulier à comprendre et retracer leur chemin, et j’y ai passé du temps…

2017 était également un anniversaire important pour le protestantisme, C’était les 500 ans de la Réforme. C’est en affichant le 31.10.1517, 95 thèses contre les « indulgences » sur la porte de l’église du château de Wittenberg ( Saxe) que Martin Luther a jeté les bases d’une nouvelle religion chrétienne. Le 31 octobre 2017 cet anniversaire a été fêté dans toute l’Allemagne. Cette année de commémoration fut une année de manifestations culturelles, il y eut même une figurine Playmobil de Luther vendues à plusieurs millions d’exemplaire.

J’ai assisté, dans le Poitou des manifestations à La Couarde dont j’ai déjà parlé, en particulier à une conférence sur l’exil des protestants, une autre sur la psychogénéalogie ainsi qu’une journée de formation sur la généalogie protestante en Poitou. J’ai apprécié tous ces échanges ainsi que les ouvertures  sur le monde protestant. Je remercie en particulier «  genea79 » sans qui je n’aurait pas eu ces informations.

La Rochelle, qui fut très active au moment de la réforme, place forte protestante en son temps, fit également une exposition sur cet événement au « musée rochelais d’histoire protestante ». La ville a fait partie des 5 villes françaises et 96 en Europe à s’inscrire dans le réseau labellisé « cité européenne du 500e anniversaire de la réforme ».

Il y eut peu de travail sur les archives départementales, encore moins de visite, mais des rencontres, comme celle du Cercle généalogique Poitevin à l’occasion des « rencontres régionales de généalogies » à La Rochelle en octobre, des lectures. Voila ma généalogie ne s’est pas passée dans les registres cette année mais plutôt dans des lieux avec des rencontres intéressantes. Ce qui finalement n’est pas plus mal et dépoussière un peu l’idée que l’on a de la généalogie. Je n’ai pas passé un mois comme prévu sur la généalogie de Pierre Moreau, mais plutôt 8 mois à doses homéopathiques.

Alors, que dire pour 2018 ? Continuer à écrire sur le blog pour tracer mon travail, me parait une bonne résolution, nettoyer mon fichier Hérédis, relire, corriger mes erreurs également, mettre à jour geneanet, pas de grands projets…

Généathème et bonheurs généalogiques.

Quelle bonne idée de partager nos bonheurs généalogiques comme le suggère Sophie Boudarel, même si c’est chez moi, un assemblage plutôt hétéroclite.

Mon activité n’a pas été débordante cette année , plutôt débordée. J’ai malgré tout passé de bons moments avec mes ancêtres.

Je pense aux registres d’Exireuil, les commentaires si particuliers du curé sur les décès de ses paroissiens et l’aventure des recherches qui ont suivies. Ce fut comme un fil que l’on tient et que l’on tire pour dérouler la pelote de laine. J’ai « suivi  le fil d’Ariane ».

La découverte de la signature d’un ancêtre procure toujours une belle émotion. C’est la trace tangible de leur existence. Ce fut le cas récemment avec mes ancêtres du nord, dans les registres de Pernes (62) dans les années 1700.

Les messages des cousins du nord que je ne connais pas, qui se sont manifestés, et m’ont gentiment proposé leur aide, furent un autre bonheur généalogique. Je n’ai pas beaucoup travaillé cette année sur l’ascendance du nord, mais promis, je les mets au programme l’année prochaine.

J’ai découvert au travers des conférences un lieu protestant du Poitou, La Couarde, le centre Jean Rivierre . Ce fut une source d’inspiration pour mes articles sur les protestants de même que le 500 e anniversaire de la réforme (31.10.1517) et les manifestations qui y ont été rattachées .

Berlin 2017

Et si finalement tous ces petits bonheurs se résumaient au plaisir d’ écrire un blog pour raconter et partager toutes nos histoires? Mes articles sont souvent le reflet de tous ces moments généalogiques et les relire ravive ces histoires, leurs recherches ou encore les événements de l’année.

Mais je dois vous dire que mon plus grand bonheur cette année n’est pas généalogique même si …

Je suis l’heureuse grand-mère depuis  juillet de deux magnifiques petites filles Mina et Clara.

Si je vous dis que Mina était le troisième  prénom de Nelly….

La généalogie n’est jamais bien loin.

 

 

 

Education et vie d’un jeune seigneur Bas-Poitevin au 17e siècle.

C’est un exemple de sérendipité quand en faisant une recherche sur un ancêtre poitevin je trouvai  quelques pages sur l’éducation au 17e siècle d’un jeune seigneur Bas-Poitevin, par Louis Duval, extrait de la Revue du Bas-Poitou de mars 1901. Il s’agit d’un opuscule écrit par Jean de Larcher, 24 ans, précepteur appelé au château de Beaupuy, situé à Mouilleron-en-Pareds (Vendée) pour s’occuper de l’éducation d’un jeune garçon.

L’élève s’appelait Jacques CHAUVINIERE, deuxième du nom, fils de Jacques CHAUVINIERE décédé avant 1606 et de Claude de La Haye. Il avait dix ans au moment où sa mère fit venir un précepteur au château, comme cela se pratiquait à cette époque dans ce rang de la société et était donc contemporain de Louis XIII (1601.1643). Jean de Larcher dédia un poème à son jeune élève, intitulé « institution à son adolescence » où il raconta les conseils donnés. Voici ses commandements:

Au moment de la prière de 7h à 10h du matin,

Ne soyez pas si tot le matin eveillé
de chausses de capes et de pourpoing habillé
que n’ayez dans la main un Psautier ou des Heures
Pour prier Sa bonté de sept à dix heures
… Il vous conserve sain, le priant qu’il vous donne
La grâce de de pouvoir tout le cours de vos ans
Vivre en homme de bien, abhorrant les méchants,
Fuyant les vicieux comme une noire peste,
….. le priant aussi
qu’il maintienne la paix en ce royaume ici…
sans oublier de prier la mémoire de son père défunt.
Vient l’heure de se mettre à table, il parle alors de la façon dont il doit s’y tenir.
Ostés votre chapeau, le prenant par le bors,
Faites la révérence et d’un gentil abord
Prenez votre escabeau, et d’une belle grâce
tenez vous sans mouvoir toujours en une place
estendez tout autour de votre jeune flanc
et sur votre estomach le linge bel et blanc
qui nous est préparé; et de pleine abbordée
ne vous jetez glouton sur la caille lardée
sur le petit poulet ou sur le perdriau.
Après les prières de 7h à 10h, le repas pris en se tenant bien et sans gloutonnerie, ce jeune seigneur de dix ans doit savoir parler latin avec les personnes ayant quelques savoir, mais plus encore,
Tachez subtilement de le faire parler
Soir grec soit latin afin de lui volier 
Quelque rare joyau de sa belle doctrine.
Le repas fini, le précepteur autorise le jeu d’échec sans miser plus d’un écu, vient ensuite l’étude pour préparer son avenir.
Le maître veut que son élève aille ensuite achever ses humanités à Paris et consacrer deux années aux belles lettres, deux années à la philosophie, deux années d’exercices  qui conviennent à un gentilhomme; équitation, danse, escrime et musique comme l’art de jouer du luth.
Il deviendra un cavalier accompli et sera alors autorisé  à prendre un mois de vacances à Beaupuy afin d’informer sa mère de ses progrès et la remercier.
Pour rendre seulement de votre apprentissage 
votre mère contente, et la prier de voir 
si ses double ducats qu’elle voulait avoir 
ne l’incommodent point?….
Il lui faudra voyager, visiter l’Italie, l’Allemagne « pour apprendre les mœurs des peuples étrangers ». Rentré à Beaupuy, il reservera à son vieux maître un abri en son château.
« pour vivre sans souci, le reste de sa vie…. »
Une belle éducation comme on en fait plus, me direz-vous, attendez la fin.
Jacques Chauvinière rentré a Beaupuy, mènera grand train, aura six chevaux, deux laquais, un page, portera des vêtements de « soye, de sarge et de burail ».pas de broderie d’or ni d’argent, pas de points de gênes ni de Venise mais de simples passements d’Alençon ou d’Auvergne.
Bien sûr, il chasse, avec six bassets, six espargneux flairants, un clabaudant limier et douze chiens courants, avec deux lévriers, un faucon au carnage, un petit espervier, et un ramage pour les champs découverts.
Son éducation de cavalier et de chasseur dut être parfaite puisqu’il en fit son métier et  devint lieutenant de la vénerie du roi.

Le Nain, les frères. La réunion d’amateurs ou l’Académie.vers 1640

Vers 1614, il épousa Marie de La Touche et eut une fille Françoise Chauviniere. En seconde noces, Jacques Chauviniere épousa le 7 août 1740, Jacqueline Robert, avec qui il eut un fils Henri.
Sa carrière connu son apogée en 1642, quand  Beaupuy fut  érigée en baronnie par lettre patente du mois de septembre 1642 en faveur de Jacques Chauviniere, lieutenant de la vénerie du roi.
Une éducation bien menée, une belle carrière. Mais c’est en recherchant ce qu’est devenu ce Seigneur de Beaupuy que je trouvai un article, où impliqué dans une enquête criminelle, un Jacques Chauninière Seigneur de Beaupuy refusa de payer son dû  à une femme et ses filles qu’il avait violées, envoya ses domestiques pour régler ses comptes, battre et dépouiller les « suppliants »… une histoire plutôt sordide.
Le 20 octobre 1634,  le tribunal des Grands-Jours de Poitou, eut à entendre une requête criminelle contre Jacques Chauvignière, sr de Beaupuy « présentée par Martin Nepveu et Marguerite Brion, sa femme, auparavant veuve de René Jaulin, contenant que Mre Jacques Chauvinière, chevr sr de Beaupuy, en hayne des poursuittes contre luy faites, pour le payement des sommes par luy dues à lad. Brion, l’ayant rencontrée dans un bois, l’auroit forcée et viollentée en son honneur, battu et excedde led. Nepveu, viollé et forcé Hillaire et Renée Jauslain, fille de lad. Brion ; mesme ayant iceluy Nepveu et un sien frère, esté rencontrez sur un grand chemin par les nommez Poictevin, dit Martinière, Jacques Moreau, Denis Jeudy et autres serviteurs domestiques dud. de Beaupuy, ilz les auroient despouillez nuds et iceulz excessivement battus, à coups de bastons et estrivières ; dont ilz auroient faict plainte à la cour de parlement et obtenu permission d’informer, comme aussy esté informé par le prévost de Luzignan, à l’encontre dud. Poictevin, Jacques Thibaudeau, dict la Garenne, Jacques Esnard, le nommé Maraudé, vallet de chambre dud. de Beaupuy, Jean Jasnière, son palfrenier et autres, lesquels seroient venus de nuict en la maison des supplians et iceulx battu et exeddé, particulièrement led. Nepveu, qu’ilz auroient laissé pour mort ; requérant leur estre permis faire informer desd, viollances, incestes et voyes de faict, etc… »
Jacques Chauviniere mourut en 1644.

Petites phrases, maximes et proverbes généalogiques.

Suite logique de l’article précédent et quelques lectures plus tard, voici quelques phrases ou maximes qui m’ont marquée.

Pourquoi fait-on de la généalogie? Je laisse Claude Levi-Strauss répondre à ma place.

« Chercher ses racines, c’est au fond se chercher soi-même : qui suis-je ?
Quels sont les ancêtres qui m’ont fait tel que je suis ? Des noms d’abord, des dates, quelques photos jaunies ou, avec plus de chance, un testament, une lettre. »
Claude Levi-Strauss

Si on recherche d’abord des noms et des dates, on aime trouver aussi leur signature, des photos ou une trace écrite. Les photos de mes ancêtres ne sont malheureusement pas annotées. Ainsi sur la plus-part, il n’y a rien et sur quelques unes, il y a « mon grand père », mais de qui ? Seule certitude, c’est un ancêtre.

Il faut bien admettre que nous sommes l’addition de tous nos ancêtres d’abord dans les gênes, puis physiquement. Je parle de l’hérédité. J’aime bien l’image qu’en a fait Oliver-Wendell-Holmes.

L’hérédité est comme une diligence dans laquelle tous nos ancêtres voyageraient. De temps en temps, l’un d’eux met la tête à la portière et vient nous causer toutes sortes d’ennuis.
Artiste, écrivain, Essayiste, Médecin, Poète, Scientifique (1809 – 1894)

L’image d’un ancêtre qui met la tête à la portière est particulièrement réjouissante, sauf si on imagine qu’ils nous apportent leurs maladies. On en vient à souhaiter qu’ils restent sagement dans la diligence. Ma généalogie est régionale, même si il y a plusieurs régions, ils se marièrent souvent entre eux, avec donc un fort taux d’endogamie. Le risque de voir l’un d’entre eux mettre le nez à la fenêtre est donc important.

Mais,Sénèque nous met en garde et il ne s’agit pas d’hérédité, mais bien de notre façon de penser, de communiquer via un blog ou autres sur nos ancêtres.

« Qui s’enorgueillit de ses ancêtres, loue les exploits d’autrui. »
Sénèque

On touche à la pratique de la généalogie, ce qu’on en dit, ce que l’on en fait. Une particule de nos ancêtres ne fait pas de nous des nobles, un fait éclatant ne rejaillit pas sur nous, un ancêtre artiste ne fait pas de nous un artiste. Mais cela fait du bien d’en parler. Tant pis pour Sénèque. A contrario, un ancêtre peu respectable ne nous rend pas malhonnête, c’est rassurant.

Plus sérieusement, quand on a dépassé les « qui suis-je », « les exploits » de nos ancêtres, il nous reste ce que nous transmettons à nos descendants. C’est un autre proverbe qui me parait illustrer cette situation.

On ne peut donner que deux choses à ses enfants, des racines et des ailes. Proverbe juif.

Des racines et des ailes, outre le rappel d’une émissions TV, fait rêver. Leur donner des racines généalogiques revient à les ancrer dans le sol pas forcement local ni régional, mais leur donner un sentiment d’appartenance. Quant aux ailes, je vous laisse imaginer, la liberté de voler plus loin, plus haut…

Je pense avoir résumé ma pratique généalogique, le dernier proverbe étant mon préféré; il est tourné vers l’avenir.

NE PAS ÊTRE VOYEUR MAIS TÉMOIN ET PASSER LE RELAI…...

 

 

 

 

 

 

Mes dix règles généalogiques et généablogiques.

Ouf, me voila de retour. La vie, la vie….elle nous joue des tours, nous réserve des surprises, agréables ou pas, il faut les prendre. Cet arrêt sur image a été l’occasion de me poser des questions sur ma pratique en généalogie. Quelques discussions m’ont interpellée sur le fait que nous avions des opinions et des règles différentes dans notre fonctionnement. J’ai pris le temps de poser les miennes sur papier, ou plutôt sur « Evernote ». Voila le fruit de mes réflexions.

1.  Respecter mes ancêtres, leur vie et ne pas porter de jugement ni sur leurs choix , ni sur leurs actes, ni sur leurs métiers. C’est une priorité.
Ne pas oublier de les remettre en situation dans la mesure de mes connaissances, en tenant compte de la période historique. En effet les mœurs, les habitudes étaient différents, même les mots ne recouvraient pas toujours les mêmes significations, sans compter les termes inconnus ou inusités aujourd’hui.
2. Rester objective, parler de faits, de données vérifiables, ne pas me laisser entraîner par mon imagination…

collection personnelle.

3. Vérifier, vérifier,revérifier les informations, y compris (surtout) celles disponibles sur internet remonter à la source, le plus loin possible que ce soit un acte, un fait historique, ou un document d’époque .

Collection personnelle.

4. Citer les sources, même si elles sont contradictoires, et en vérifier la traçabilité pour que mes descendants puissent suivre ma démarche et retracer le chemin ou peut-être même pourront-ils creuser un autre sillon.

Edouard Boubat, le Népal.

 5. Admettre accepter que certaines dates sont et resteront approximatives du fait de la limitation des sources, et que je ne pourrai pas tout savoir.
Mon ambition est limitée. Je n’ai jamais recherché ni eu l’envie de savoir si nous descendions de Charlemagne, ce qui me parait scientifiquement improbable.
Mes ancêtres garderont leur part de mystère sans oublier que certains ont pu volontairement brouiller les pistes.
6.  Les recherches en ligne oui,  mais il ne faut pas oublier les Archives, les sociétés historiques, les cercles généalogiques toutes ces sources annexes.
Il y a également les recherches faites par nos anciens. Si La recherche est facilitée aujourd’hui par le net, la généalogie a aussi passionné les générations précédentes.

Prague, bibliothèque.

7. Rester discrète sur les personnes vivantes.
Ainsi vous ne verrez pas sur le blog d’histoires ou d’informations sur ma famille ou leurs proches. C’est un choix que j’ai fait dès le départ et sur lequel je ne suis jamais revenue.

Edouard Boubat, Rémi écoutant la mer. 1995

8.  Ne pas garder l’ histoire de mes ancêtre pour moi, mais la raconter, via un blog, ou un livre….

J D de Heem, nature morte aux livres, vers 1625

9.  Passer le relais;
quelque soit le nombre de générations, l’état des recherches, une généalogie ne sera jamais finie.
Il me faudra donc prévoir le passage pour les générations futures, garder des notes, citer des sources, expliquer ma démarche.

Boubat, les pas, Japon

10.  Ne pas oublier que tout ce qui est mis en ligne peut être copié….et sans sources….et l’accepter…
et continuer mon chemin, chercher, encore chercher.

Elle mourut ne pouvant mettre bas, Exireuil, 1673.

Nous croisons tous un jour ou l’autre dans les registres BMS des actes de décès d’enfants morts à la naissance, des mères décédant le même jour on suppose au moment de l’accouchement, mais c’est la première fois (la seule) ou je lisais un acte explicite sur la mort d’une femme en couche.

Carte Exireuil.

Sur le document d’archives d’ Exireuil en 1673, le curé Delacroix officiait toujours dans la paroisse et inscrit alors;

le samedi 23 du présent mois de février an susdit (1673) décéda Jehanne Poineau femme de Michel Bo..nier demeurant à la cl.. âgée de 40 ans elle mourut ne pouvant mettre bas le fruit de son ventre manquant de force.
AD 79 Exireuil 1673
curé delacroix vue 94/117

Le terme « accouchement » utilisé aujourd’hui remonte au XVIIe siècle et désigne la position allongée. le terme « mettre bas » était plus moyenâgeux et se référait à la position de l’accouchée, plus exactement la posture dans le sens pose (met)  « en bas »(rapport à la hauteur).

La naissance avait lieu le plus souvent dans la salle commune, la pièce la plus utilisée, celle qui avait une cheminée. Un feu de bois entretenait la chaleur, la pièce était fermée et empêchait les mauvais esprits d’entrer. Des femmes exclusivement  entouraient la parturiente; la matrone appelée la « femme qui aide » ou la « mère-mitaine » ou encore la « bonne mère » est bien connue des villageois. c’était le plus souvent une femme ayant eu plusieurs enfants, donc « expérimentée », ayant la confiance des villageoises après avoir réussit quelques accouchements.

C’est le curé qui surveille ses compétences, ne lui demandant ni de savoir lire ni écrire, mais de savoir réciter les formules de baptême pour ondoyer un nouveau-né en cas d’urgence.

Souvent sont là également des parentes, des amies, des voisines accourues dès les premières douleurs. Il fallait préparer le lit, les linges, entretenir le feu, l’eau chaude. Elles racontaient leurs accouchements, leurs expériences…

La naissance n’était alors ni un acte privé, ni une aventure intime, c’était l’histoire d’une villageoise parmi d’autres qui venaient la réconforter, l’encourager la maintenir et prier. Ces femmes priaient la vierge ou encore sainte Marguerite. Elles disposaient des porte-bonheur, des amulettes comme la ceinture de la vierge, sachet d’accouchement, pierre d’aigle, bézoard, rose de Jéricho, ou rien.

Les hommes n’étaient pas admis sauf le père quand son expérience du vêlage des bêtes pouvait s’avérer utile, s’il fallait retourner l’enfant dans la matrice dans le cas ou il se présentait mal comme il le faisait avec les vaches.

Des manuels d’obstétrique sont apparus dès la fin du XVIe siècle. Mais jusqu’au XVIIIe siècle on n’admettra que la césarienne sur une femme morte. C’était même un devoir qui pouvait être pratiqué par une sage-femme. Dans un chapitre sur la technique de la césarienne post-mortem dans le livre des accoucheurs français XVIIe et XVIIIe siècle il est dit;  » La sage-femme prendra un rasoir, ouvrira les muscles abdominaux et la matrice même en prenant garde de blesser l’enfant, et le retirera par les pieds. Elle doit toujours lui faire donner le baptême avant d’en faire l’extraction« .

Il était important que l’enfant vive, qu’il soit baptisé pour échapper au pouvoir de Satan. Mais l’incision était contre nature, et on le voyait comme un acte forçant le destin.

En 1573, le premier des Deux Livres de chirurgie d’Ambroise Paré s’intitule
« De la Génération de l’homme et manière d’extraire les enfants
hors du ventre de la mère, ensemble de ce qu’il faut faire pour la faire,
mieux et au plus tôt accoucher ».
Dès 1549, Ambroise avait écrit un chapitre sur « comment extraire un enfant ».
En 1609, Jacques Guillermeau (1549-1613) a également écrit des ouvrages dont l’un s’intitule « De l’heureux accouchement des femmes en 1609 »

Dans la réalité, la césarienne était impossible; on ne connaissait pas les techniques d’anesthésie, ni comment suturer un utérus et il fallait également sur place une personne instruite pour la pratiquer.

Rien ne nous dit qu’il y avait un chirurgien un barbier ou même une sage-femme à Exireuil.

Dans cet acte, les témoins ne sont pas nommés. On ne peut que supposer à la lumière de ce qui se faisait usuellement. Les voisines étaient surement là, une matrone peut-être, le mari surement. Le travail a duré trop longtemps, la femme s’est épuisée, a « manqué de force pour mettre bas le fruit de son ventre ». La médecine de l’époque était impuissante .

 

Joli mois de Mai, mois de l’Amour.

Le premier mai est une date particulière dans notre calendrier, un jour férié, un jour fête du travail depuis le début du 20e siècle. Une fête plus ancienne a été oubliée, pourtant surement plus connue de nos ancêtres, la fête du premier mai, fête de l’Amour, passage de la saison de l’ombre à celle de la lumière.

On en trouve des traces depuis le Moyen Âge, la coutume est attestée depuis le XIIIe siècle par des enluminures dans des livres d’Heures ou livres de prières. Elles illustrent le calendrier, celui du Duc de Berry en est un exemple.

Enluminure du livre d’Heures du Duc de Berry, les frères Limbourg, le mois de mai.

La coutume était que l’on se coiffe d’une couronne de feuillages et de fleurs et, ou d’en offrir à la personne aimée. Les romans d’amour commençaient souvent par ces fêtes de mai.

Jeanne BOURIN dans son roman « La Chambre des Dames » suit cette coutume et son récit commence en avril 1246. Elle nous raconte ces fêtes de l’Amour de Mai.

–Les fêtes de l’Amour de Mai commencent dans deux jours, dit-elle, Avez vous choisi, chères dames, vos fiancés de libre courtisement…./…
–Ce sont des fêtes qui commencent vers la fin d’Avril pour se prolonger tout un mois,les demoiselles se rendent alors dans les bois proches pour y chercher des rameaux verts, des brassées de fleurs. Elles plantent des arbres symboliques que nous appelons des « mais », prennent part à des processions pleines de joyeusetés, et ont droit, chose délectable, de se choisir pour trente jours un fiancé fictif qui peut les courtiser en toute liberté. C’est une coutume fort gaie, amusante, et qui plait à tous les célibataires.

Pour Jeanne Bourin, ce serait la raison pour laquelle il n’y avait pas de noces en mai. Mais que font alors les femmes mariées?

— Elles ont le droits, elles aussi, à de petits avantages,lança Bertrand en se mettant à rire. C’est toujours l’une d’elle qui est choisie comme reine afin de présider les fêtes. Durant ce joli mois de mai, les épouses ont également le droit de prendre, pour danser, et pas toujours à cette fin innocente, disent les mauvais esprit, un partenaire, autre que leur mari!
« La chambre des dames, Jeanne Bourin chapitre IV première partie

Le premier jour de mai est un jour spécial, un jour de fête, qui commence pour les jeunes filles  par aller en forêt « quérir le mai », cueillir des branches fleuries, des fleurs sauvages et confectionner, des couronnes, des coiffures ou encore des colliers, escortées du fiancé de « courtoisement ».

Ce premier jour de mai tenait les promesses d’avril: il faisait beau. Dans les champs,le blé,l’avoine, le seigle, verdoyaient. Mêlée aux tendres pousses, la blancheur des aubépines festonnaient les haies, les taillis. Le moindre buisson se parait de pétales. Les pommiers en fleurs rosissaient les prés de leur gaieté éclatante, de leur profusion en forme de bouquets….
Pour quérir le mai il fallait se rendre dans la forêt, trouver des branches de genêt en fleurs, des branches d’aubépine, des iris sauvages. On en tressait ensuite des couronnes ou confectionnait des chapeaux en vue de la soirée.
Jeanne Bourin, partie II chapitre 1.
La journée de ce premier mai était le prélude à une soirée de danses et de rires.
« Le soir était venu. Avec lui, la fête battait les murs de Paris. Au milieu des chaussées, aux carrefours, sur les places, on dansait, on buvait, on riait. Le long des rues tendues d’étoffes aux couleurs vibrantes, courtines et tapisseries ornaient les fenêtres. Des guirlandes de fleurs, de feuillages, décoraient les façades de chaque maison. Ménestrels, musiciens, jongleurs, conteurs, s’étaient établis un peu partout…/…
Autour des arbres de Mai, enrubannés, plantés en des endroits choisis, filles et garçons faisaient des rondes.
Jeanne Bourin, partie II chapitre 2.

L’arbre de mai est un symbole de fécondité lié au retour de la frondaison , la fête des forces de la nature renaissante.

Cette célébration du renouveau, de la puissance du printemps, de la fécondité, du retour des fleurs et des oiseaux, et surtout de l’amour se prolongeait tout le mois de mai. Certaines régions dans l’est en gardent encore des traces. On peut trouver cette idée trop romantique dans une vie d’ancêtre  difficile mais justement ces fêtes s’imposaient pour alléger le quotidien et redonner de l’espoir après un hiver plus ou moins rigoureux. Je vous invite comme le faisait Charles d’Orléans à suivre l’exemple de nos ancêtres.

« Allons au bois le may cueillir
Pour la coutume maintenir !
Nous ouïrons des oiseaux le glay
dont ils font le bois retentir
Ce premier jour du mois de may ».
Charles d’Orléans (1394 – 1465)

Je vous souhaite un joyeux mois de Mai.

Journée des femmes et Olympe de GOUGES.

Le 8 mars a été déclarée  la journée officielle des femmes  et tous les ans s’organise une manifestation à travers le monde. Cette journée internationale des femmes trouve son origine dans le combat des ouvrières et suffragettes du début du XXème siècle pour obtenir de meilleures conditions de travail et le droit de vote.

Histoire de cette journée.

L’idée émergea d’une journaliste allemande à la conférence internationale des femmes socialistes en 1910.

mars 1911 un million  de femmes manifestent en Europe.

8 mars 1913 des femmes russes organisent des rassemblements clandestins.

8 mars 1914 des femmes réclament le droit de vote en Allemagne.

8 mars 1915 à Oslo, des femmes défendent leurs droits et réclament la paix.

8 mars 1921 Lénine décrète le 8 mars journée des femmes.

8 mars 1946 la journée est célébrée dans les pays de l’Est.

8 mars 1977, les Nations Unies officialisent la journée internationale des femmes.

8 mars 1982, déclarée journée officielle des femmes en France.

Mais avant cela il y eut d’autres femmes pour s’élever contre les injustices . Olympe de GOUGES en fait parti.

OLYMPE de GOUGES (1748-1793).
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Olympe de Gouges portrait.

Marie GOUZE dite Olympe de GOUGES, née à Montauban le 7 mai 1748, morte guillotinée à Paris le 3 novembre 1793, était une femme de lettres françaises, devenue femme politique et considérée comme une pionnière du féminisme. Je l’ai découverte il y a des années au travers…..

La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
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Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne. Olympe de Gouges 1791. d’après collage de Henri Guedon.

Rédigée en septembre 1791, elle y pris pour modèle la déclaration des droits de l’homme et des citoyens (26 août 1789), qui énumère des droits ne s’appliquant qu’aux hommes. Dans de nombreux articles elle a remplacé « l’homme » par  » la femme et l’homme ».

La déclaration est constituée d’un préambule adressé à Marie Antoinette suivi de 17 articles.

Un principe de base d’ Olympe est que l’identité des devoirs doit entraîner celle des droits, dans tous les domaines publics ou privés. elle demande que les femmes puissent avoir droit aux votes, à la propriété privée, de pouvoir prendre part à l’éducation et à l’armée, exercer des charges publiques, allant jusqu’à demander l’égalité de pouvoir dans la famille et dans l’église.

Devant l’assemblée constituante, elle réclame l’égalité des sexes.

C’était révolutionnaire, dans un temps….révolutionnaire.

Cette déclaration est sans valeur légale et fut refusée par la convention. Elle ne parut qu’en cinq exemplaires. Alors que « la déclaration de l’homme et des citoyens faisait sensation dans toute la France » et qu’une diffusion s’étendait à l’étranger, seuls quelques extraits furent publiés en 1840. C’est une autre femme de lettres française Benoîte GROULT qui en fit publier la totalité en 1986.

PRÉAMBULE

Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la Nation, demandent à être constituées en Assemblée nationale. Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d’exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaltérables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration constamment présente à tous les membres du corps social leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes et ceux du pouvoir des hommes, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution, des bonnes mœurs et au bonheur de tous. En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage dans les souffrances maternelles reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les droits suivants de la femme et de la citoyenne :

Article 1 La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Article 2 Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de la femme et de l’homme. Ces droits sont : la liberté, la prospérité, la sûreté et surtout la résistance à l’oppression.

Article 3 Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n’est que la réunion de la femme et de l’homme ; nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.

Article 4 La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l’homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison.

Article 5 Les lois de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la société ; tout ce qui n’est pas défendu par ces lois sages et divines ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elles n’ordonnent pas.

Article 6 La loi doit être l’expression de la volonté générale : toutes les citoyennes et citoyens doivent concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation ; elle doit être la même pour tous ; toutes les citoyennes et citoyens étant égaux à ses yeux doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents.

Article 7 Nulle femme n’est exceptée ; elle est accusée, arrêtée, et détenue dans les cas déterminés par la loi : les femmes obéissent comme les hommes à cette loi rigoureuse.

Article 8 La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nulle ne peut être punie qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée aux femmes.

Article 9 Toute femme étant déclarée coupable, toute rigueur est exercée par la loi.

Article 10 Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même fondamentales ; la femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit également avoir celui de monter à la tribune, pourvu que ses manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la loi.

Article 11 La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers leurs enfants. Toute citoyenne peut donc dire librement : je suis mère d’un enfant qui vous appartient, sans qu’un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité ; sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans des cas déterminés par la loi.

Article 12 La garantie des droits de la femme et de la citoyenne nécessite une utilité majeure ; cette garantie doit être instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de celles à qui elle est conférée.

Article 13 Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, les contributions des femmes et des hommes sont égales ; elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches pénibles, elle doit donc avoir de même part à la distribution des places, des emplois, des charges, des dignités et de l’industrie.

Article 14 Les citoyennes et citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants la nécessité de la contribution publique. Les citoyennes ne peuvent y adhérer que par l’admission d’un partage égal, non seulement dans la fortune, mais encore dans l’Administration publique et de déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée de l’impôt.

Article 15 La masse des femmes, coalisée pour la contribution à celle des hommes, a le droit de demander compte à tout agent public de son administration.

Article 16 Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution. La constitution est nulle si la majorité des individus qui composent la Nation n’a pas coopéré à sa rédaction.

Article 17 Les propriétés sont à tous les sexes réunis ou séparés : elles sont pour chacun un droit inviolable et sacré ; nul ne peut être privé comme vrai patrimoine de la nature, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment et sous la condition d’une juste et préalable indemnité.

« Femme, réveille-toi »

 

Une de ses citations célèbres est tristement prémonitoire;

« La femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la tribune. »
Olympe de Gouges.
Et c’est ainsi qu’elle finit sa vie en novembre 1793.
D’autres femmes ont pris le relais, puis l’ONU et d’autres pays. C’est une journée de manifestations au travers le monde, jour de bilan de la situation des femmes. Des groupes des associations de militantes  préparent des manifestations, pour fêter les victoires et les acquis, faire entendre leurs revendications, afin d’améliorer la situation des femmes. Le sujet ne date pas d’aujourd’hui et n’a pas fini de faire débat.
Montaigne disait déjà;
Les femmes n’ont pas tort du tout quand elles refusent les règles de vie qui sont introduites au monde, d’autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles.
Montaigne, Essais, III, 5
Pensez à moi et souvenez-vous de l’action que j’ai menée en faveur des femmes ! Je suis certaine que nous triompherons un jour.
 Olympes de GOUGES.
Sources;