Le premier mai est une date particulière dans notre calendrier, un jour férié, un jour fête du travail depuis le début du 20e siècle. Une fête plus ancienne a été oubliée, pourtant surement plus connue de nos ancêtres, la fête du premier mai, fête de l’Amour, passage de la saison de l’ombre à celle de la lumière.
On en trouve des traces depuis le Moyen Âge, la coutume est attestée depuis le XIIIe siècle par des enluminures dans des livres d’Heures ou livres de prières. Elles illustrent le calendrier, celui du Duc de Berry en est un exemple.
La coutume était que l’on se coiffe d’une couronne de feuillages et de fleurs et, ou d’en offrir à la personne aimée. Les romans d’amour commençaient souvent par ces fêtes de mai.
Jeanne BOURIN dans son roman « La Chambre des Dames » suit cette coutume et son récit commence en avril 1246. Elle nous raconte ces fêtes de l’Amour de Mai.
–Les fêtes de l’Amour de Mai commencent dans deux jours, dit-elle, Avez vous choisi, chères dames, vos fiancés de libre courtisement…./…
–Ce sont des fêtes qui commencent vers la fin d’Avril pour se prolonger tout un mois,les demoiselles se rendent alors dans les bois proches pour y chercher des rameaux verts, des brassées de fleurs. Elles plantent des arbres symboliques que nous appelons des « mais », prennent part à des processions pleines de joyeusetés, et ont droit, chose délectable, de se choisir pour trente jours un fiancé fictif qui peut les courtiser en toute liberté. C’est une coutume fort gaie, amusante, et qui plait à tous les célibataires.
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Pour Jeanne Bourin, ce serait la raison pour laquelle il n’y avait pas de noces en mai. Mais que font alors les femmes mariées?
— Elles ont le droits, elles aussi, à de petits avantages,lança Bertrand en se mettant à rire. C’est toujours l’une d’elle qui est choisie comme reine afin de présider les fêtes. Durant ce joli mois de mai, les épouses ont également le droit de prendre, pour danser, et pas toujours à cette fin innocente, disent les mauvais esprit, un partenaire, autre que leur mari!
« La chambre des dames, Jeanne Bourin chapitre IV première partie
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Le premier jour de mai est un jour spécial, un jour de fête, qui commence pour les jeunes filles par aller en forêt « quérir le mai », cueillir des branches fleuries, des fleurs sauvages et confectionner, des couronnes, des coiffures ou encore des colliers, escortées du fiancé de « courtoisement ».
Ce premier jour de mai tenait les promesses d’avril: il faisait beau. Dans les champs,le blé,l’avoine, le seigle, verdoyaient. Mêlée aux tendres pousses, la blancheur des aubépines festonnaient les haies, les taillis. Le moindre buisson se parait de pétales. Les pommiers en fleurs rosissaient les prés de leur gaieté éclatante, de leur profusion en forme de bouquets….
Pour quérir le mai il fallait se rendre dans la forêt, trouver des branches de genêt en fleurs, des branches d’aubépine, des iris sauvages. On en tressait ensuite des couronnes ou confectionnait des chapeaux en vue de la soirée.
Jeanne Bourin, partie II chapitre 1.
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« Le soir était venu. Avec lui, la fête battait les murs de Paris. Au milieu des chaussées, aux carrefours, sur les places, on dansait, on buvait, on riait. Le long des rues tendues d’étoffes aux couleurs vibrantes, courtines et tapisseries ornaient les fenêtres. Des guirlandes de fleurs, de feuillages, décoraient les façades de chaque maison. Ménestrels, musiciens, jongleurs, conteurs, s’étaient établis un peu partout…/…
Autour des arbres de Mai, enrubannés, plantés en des endroits choisis, filles et garçons faisaient des rondes.
Jeanne Bourin, partie II chapitre 2.
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L’arbre de mai est un symbole de fécondité lié au retour de la frondaison , la fête des forces de la nature renaissante.
Cette célébration du renouveau, de la puissance du printemps, de la fécondité, du retour des fleurs et des oiseaux, et surtout de l’amour se prolongeait tout le mois de mai. Certaines régions dans l’est en gardent encore des traces. On peut trouver cette idée trop romantique dans une vie d’ancêtre difficile mais justement ces fêtes s’imposaient pour alléger le quotidien et redonner de l’espoir après un hiver plus ou moins rigoureux. Je vous invite comme le faisait Charles d’Orléans à suivre l’exemple de nos ancêtres.