Le mariage est un des grands thèmes de la littérature, et plus encore les amours contrariés. Les situations imaginées par Molière avec » les fourberies de Scapin » ou encore Flaubert et « Emma Bovary » existaient dans la vrai vie. Alors comment nos ancêtres pouvaient-ils imposer leur volonté en cas de refus de leurs parents? Le voit-on dans les archives? Il semble que Marie Bergeron ait utilisé une procédure appelée « sommations respectueuses » pour le faire.
Marie Bergeron est le troisième et dernier enfant de Marie Madeleine Laurent et François Bergeron, née en avril 1744. Elle a 5 ans au décès de son père François Bergeron, postillon à la Crèche et tout juste 6 ans au remariage de sa mère en avril 1750, avec René Duprat, aubergiste. Son frère aîné Pierre, appelé la Rose ou encore la Fleur (ça ne s’invente pas), épouse Jeanne Lambert en août 1763.
Marie a 26 ans en 1770, quand elle demande l’autorisation de sa mère et de son beau-père d’épouser Jacques Despré, Desprez, voiturier, une dizaine d’années plus âgé qu’elle, ce que manifestement sa mère lui refuse… Pourtant elle a la majorité matrimoniale qui est de 25 ans a cette époque pour les filles.
Le mariage de Marie Bergeron et Jacques Després.
Présentation.
Le trente juillet 1770 après la publication des bans du futur mariage entre Jacques Després voiturier, fils majeur de pierre Després et de Jeanne Baillet ses père et mère tous deux décédés
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et Marie Bergeron fille majeure de feu François Bergeron postillon et de Marie Madeleine Laurent, les deux parties de cette paroisse
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Il s sont tous les deux de La Crèche (79), l’indication est précieuse, elle orientera les recherches des parents des frères et sœurs éventuels.
La majorité matrimoniale selon la législation royale (ordonnance de Blois 1579) est de 25 ans pour les filles et de 30 ans pour les garçons. Cette ordonnance de Blois de 1579 veut lutter contre les mariages clandestins, le rapt de séduction dus au refus d’autorisation des parents, et ordonne la publication de trois bans aux prônes des messes des trois dimanches précédents la cérémonie et la présence de 4 témoins.
Les trois bans.
Pour les mineurs, l’accord des parents ou d’un tuteur était obligatoire, le curé devait s’en assurer avant de célébrer le mariage, sans accord ni présence de ces derniers le mariage n’était pas célébré..
faites en cette église aux prônes de la messe paroissiale par trois dimanches et fêtes courantes sans qu’il se soit trouvé aucun empêchement et opposition
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Les sommations respectueuses.
vu la requête présentée par la dite Marie Bergeron au juge royal de Saint Maixent a ce qu’il lui fut permis de faire sommer sa mère et son beau père de consentir à son présent mariage et la permission du juge étant au bas en date du 28 juillet 1770 ayant signé Sosereau et duement scellée vu aussi les trois sommations faites la deuxième de juillet et la dixième et la seizième du même mois par Pelisson et Melot notaires à Saint Maixent en présence de Marie Bergeron requérante et contrôlée à Saint Maixent l’une le 12 l’autre le 18 et la dernière le 28 même mois
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Qu’est ce que La sommation respectueuse?
Instaurée au début du XVII è siècle , la sommation respectueuse est une procédure qui permet aux filles de plus de 25 ans et aux garçons de plus de 30 ans de se passer du consentement de leurs parents.
En effet, ceux qui avaient atteints la majorité matrimoniale étaient simplement tenus de « demander le conseil » de leurs parents par des « actes respectueux ». Cette requête était rédigée en termes respectueux d’où son nom par un notaire et présentée ensuite aux parents par trois fois.
Les parents pouvaient essayer divers moyens pour faire pression, comme menacer de le déshériter, de supprimer la dot, ou d’un éventuel soutien. Ces recours pouvaient durer plusieurs mois, ce qui était un autre moyen de pression. Certains parents espéraient que leurs enfants réfléchissent, et renoncent au mariage.
Si les parents continuaient à s’opposer, les jeunes gens pouvaient alors passer outre.
L’engagement solennel des époux et les témoins.
je soussigné prêtre vicaire de cette paroisse reçu en cette église le mutuel consentement de mariage des susdites parties et leur ai donné la bénédiction nuptiale avec les cérémonies prescrites par la Sainte Eglise en présence de Charles Roc St. Jean Moindron, Michel Martineau, René Simon, Angelique Martin femme de jean Moindron, Jeanne Despree femme Charles Roc, Jeanne Martineau, témoins et parents lesquels nous ont attesté ce que ci dessus et ont déclaré ne savoir signer exceptés les soussignés qui ont signés avec l’épouse
Marie Bergeron
Jean Moindron
René Simon
Rivière vic de Breloux
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Les absents sont bien sûr, les parents de Marie et son frère Pierre. Mais le 13 mars 1771, ce dernier et son épouse Jeanne Lambert seront les parrain et marraine d’un enfant du jeune couple, Pierre Despré.
Marie Madeleine Laurent décédera en novembre 1771. Ni sa fille ni son gendre ne seront présents et aucune fille ne portera le prénom de Madeleine. Marie Bergeron aura au moins quatre enfants. La dernière Marguerite Marie naîtra le 4 mars 1777, deux mois avant le décès de Marie Bergeron le 28 avril 1777 à l’âge de 33 ans.
8. Marie Bergeron 1744.1777
7. Marguerite Marie Despré 1777.1849
6. René Déré, Desré, Dairé 1805.1880
5. René André Dairé 1841.1880
4. Achille Eugène Dairé 1872.1932
3. Madeleine Dairé
2. mon père
1. moi
Sources;
union; AD 79 La Crèche BMS 1750-1770 vue 189.
décés; AD 79 La Crèche BMS 1771-1792 vue 55.