La visite des archives départementales des Deux-Sèvres faisait parti de mes résolutions 2014. Je reconnais ne l’avoir réalisé que très partiellement puisque je n’y suis allée qu’une fois, et renouvelle donc ma résolution pour 2015. J’ai découvert un milieu passionnant, très codifié, et très respectueux des documents et des gens. Après avoir laissé mes effets personnels au vestiaire, muni d’un crayon de papier et de mon téléphone pour prendre des photos, je me suis inscrite et j’ai demandé de l’aide pour ma recherche. Mon but était précis. Je voulais trouver le contrat de mariage de Jacques PROUST (1829.1863) et Louise Suzanne PROUST (1830.?) le mercredi 3 novembre 1847 à L’Enclave de la Martinière (79)). Ce document me paraissait stratégique pour vérifier mes recherches. Le président de salle m’a orienté différemment avec succès, et m’a fait rechercher un acte beaucoup plus complet, qui mentionnait également un inventaire après décès.
Jacques Proust est le grand- père maternel de Nelly, décédé très jeune à 34 ans en 1863 , 9 ans avant sa naissance et qu’elle n’a donc jamais connu. Il est né le 23 septembre 1829 à Beaussais (79), marié à 18 ans en 1847 avec Louise Suzanne Proust 17 ans. née le 16 septembre 1930 au Courteil de sainte Blandine. Ils ont eu 7 enfants dont 5 encore vivants à son décès, 3 filles Louise , Marie, Suzanne et 2 garçons Jacques, François. Rien n’explique les causes de son décès. Jacques PROUST était garde-étalon, comme le sera son fils jacques. Je n’avais jamais entendu parler de cette profession avant de faire ces recherches généalogiques. je savais juste que dans la région on parlait des baudets du Poitou, avec respect et comme d’une race en voie d’extinction. A noter que Jacques Proust est garde-étalon au Courteil de sainte Blandine (79) qui est aussi le lieu de naissance de sa femme Louise Suzanne Proust, ce qui sera probablement l’objet de ma prochaine recherche.
L’an 1864, le vendredi 25 mars sur les 7 heures du matin, à la réquisition de dame Louise Suzanne PROUST propriétaire veuve de sieur Jacques PROUST demeurant au logis du Courteil commune de Ste Blandine
Agissant en premier lieu à cause de la communauté de biens qui a existé entre elle et son défunt mari au terme de son contrat de mariage passé devant maître PROUST notaire à Lezay et à son collègue passé le 16.10.1847 enregistré et homologué;
au nom comme tutrice légale et naturelle de Suzanne Proust 15 ans, Marie Proust 11 ans, Louise Proust 12 ans Jacques Proust 10 ans François Proust 5 ans ses 5 enfants mineurs issus de son mariage avec feu Jacques Proust.
AD 79 |
Ainsi commence l’inventaire après décès. Suit ensuite un dossier de 21 pages fait sur 2 jours le 25 et 26 mars 1864. Aujourd’hui nous ne visiterons pas la maison mais je vous emmène dans les écuries qui contient une grande partie de ses biens.
dans les écuries
1° un baudet nommé « Charlot » âgé de treize ans estimé 1200 fr.
2° un autre baudet nommé « Garibaldi » cinq ans 4000 fr.
3° un baudet nommé « Bourru « quatre ans 1300 fr.
4° un baudet nommé « Frisé » quatre ans 1500 fr.
5° un baudet nommé « Thebault » quatre ans 2000 fr
6° un baudet nommé « Martin » dix ans 2200 fr
7° un baudet nommé « Chauvineau » 20 mois 2000 fr
8° un baudet nommé « Douany » 6 ans 2400 fr
9° un baudet nommé « Cadet » 4 ans 1800 fr.
10° un baudet nommé « Pierret » 14 ans 700 fr.
11° un baudet nommé Maisonneuve 4 ans 3200 fr.
12°un baudet nommé Cicaud 4 ans 2100 fr.
13° un baudet nommé Brunet 4 ans 3200 fr.
14° un baudet nommé Latresse 14 ans 1000 fr.
15°un baudet nommé Martin Martin 6 ans 3000 fr.
16° un baudet nommé le Bouchard 14 ans 700 fr.
17° un baudet nommé Beau 16 ans 300 fr.
18° un baudet nommé la Souche 12 ans 500 fr.
19° un cheval nommé le cheval blanc 15 ans 200 fr.
20° un cheval nommé le Fraisier 8 ans 900 fr.
21° un cheval nommé le Picard 6 ans 1500 fr.
22° un cheval nommé le Paysan 9 ans 1000 fr.
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Dans une écurie
une jument sous poil alezan 15 ans est.200 fr
une vache 5 ans 150 fr.
le vieux cheval blanc âge inconnu est. 50 fr.
une mule âgée de 4 ans réputée méchante 150 fr.
trois mauvaises anesses est 250 fr
Dans la basse cour
poules, poulets, oies dindons canards est.50 fr.
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Le mulet et la mule sont des hybrides statistiquement stériles de la famille des équidés, engendrés par un âne(Equus asinus) et une jument (Equus caballus). On distingue le mulet de bât, utilisé en montagne, le mulet de trait, qui rend les mêmes services que rendrait un cheval dans d’autres régions, et le mulet de selle, surtout aux États-Unis, qui est utilisé avec succès dans toutes les disciplines équestres.
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Selon Eugène ROLLAND, auteur de la » Faune populaire de la France « , » baudet » dériverait de » baudoin « , nom populaire de l’âne aux XVème et XVIème siècles. La seconde hypothèse est que le terme de baudet serait issu des vocables » balt » ou » baud » du XVIème siècle, signifiant impudique ou plein d’ardeur (RAVENEAU et DAVEZE, 1996). AYRAULT (1867) voit l’origine de ce mot dans le terme » baudis » du vieux français signifiant libertinage.
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Dans un document de 1717;
http://wlivre-poitoucharentes.org/escales/_pdf/H.pdfww. Il se trouve dans le Haut-Poitou des « animaux » qui sont presque aussi hauts que les plus grands mulets, mais d’une figure différente. Ils ont presque tout le poil long d’un demi-pied sur tout le corps ; les boulets, les jambes et les jarrets presque aussi larges que les chevaux de carrosses. On les tient à l’écurie séparément, dans des espèces de loges, attachés à des chaînes de fer ; on ne les fait sortir que pour saillir les juments […] On ne les ferre jamais et ils portent la corne longue d’un pied, ce qui est très difforme.Il y a 10 à 12 ans qu’ils étaient d’un prix excessif en Poitou. Il s’en est vendu jusqu’à 500 écus pièce. Présentement, les plus beaux ne passent pas 8 à 900 livres, lorsqu’ils sont éprouvés et reconnus bons ; si ce n’est quelques-uns que les gardes-étalons à qui ils appartiennent estiment encore 1 200 livres, à cause de leur hauteur, de l’épaisseur et de la largeur de leurs jarrets, la hauteur toute seule ne suffisant pas pour en relever le prix. […] Ceux de poil noir sont les plus estimés ; les gris sales sont les moins recherchés. La cherté de ces « animaux » vient principalement de la difficulté qu’il y a de les élever jusqu’à 3 ans, n’y en ayant pas le quart qui arrivent à cet âge ; mais aussi, cet âge passé, ils vivent et servent jusqu’à 25 et 30 ans. […]Il y a des gardes-étalons qui ont 5 ou 6 de ces « animaux », dont chacun peut servir 100 juments pendant le temps d’une monte. Ils ne commencent à les faire servir qu’à l’âge de 4 ans. Ils sont tous d’un très grand entretien, car pour les bien conserver on leur donne jusqu’à 3 boisseaux d’avoine par jour pendant le temps de la monte. |
l’affaire se précise.
L’histoire de la mule.
Elle est connue depuis longtemps comme le prouve au Xème siècle la demande d’un prélat italien au conte du Poitou Guillaume IV d’une « mule magnifique » (mulam mirabilem). Arrivées en Gaule avec les romains, ou invention des Pictaves, nous ne saurons jamais. Mais on retrouve des traces dans d’anciens documents.
L’âne du Poitou est la plus ancienne race d’âne de France puisque des traces formelles existent dès le Moyen Âge et que la tradition rapporte que saint Hilaire, évêque de Poitiers, l’utilise pour tous ses déplacements. Dès cette époque, l’hybridation mulassière est pratiquée, ce qui a permis le développement de la race. Au XVIIème, les travaux d’assèchement du marais poitevin amènent dans la région la présence de juments de fort gabarit d’origines belge et hollandaise Ces croisements amènent la production de mulets extrêmement robustes.
Au début du XVIIIème, la race a sans doute reçu l’influence de sang espagnol, le roi Philippe V d’Espagne ayant offert à son grand père Louis XIV un convoi de baudets ibériques qui ont été répartis dans les principales zones de production mulassière, dont le Poitou.
Source Wikipédia
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» L’âne du Poitou ne peut être confondu avec l’âne commun… Il constitue une aristocratie dans l’espèce, une caste privilégiée fort peu nombreuse faisant l’objet d’un élevage particulièrement surveillé et d’un commerce fructueux. » (SAUSSEAU, 1925)
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Mais et les gardes-étalons dans tout cela?
à suivre….
Sources;
Archives départementales des Deux-Sèvres, 26 rue de la Blauderie, 79022 Niort cedex.
Source Wikipédia
http://baudetdupoitou.free.fr/memoire/baudet1.htm